Pas moins de 11 entreprises et unités de production propriétés du groupe Sider et Anabib devraient finir dans le portefeuille du groupe indien Mittal Steel. Annoncée au début de cette année, la cession de l'ensemble de cet important patrimoine de production (dont Alfatus El Hadjar, Anabib Ghardaïa et plusieurs unités de fabrication d'emballage métallique) devrait intervenir avant la fin de l'année 2005. A la fin du mois écoulé, à l'occasion d'un bref entretien qu'il nous a accordé, Sandjai Kumar, le président-directeur général de Mittal Steel El Hadjar, avait annoncé cette cession sans autre détail. L'information a été confirmée par Aïssa Menadi, secrétaire général de la plateforme syndicale UGTA de Sidi Amar (El Hadjar) et du syndicat de l'entreprise Mittal Steel : « Nous sommes effectivement au courant que notre employeur a officiellement soumissionné pour l'acquisition des 11 entreprises et unités de production de différents groupes de sidérurgie et métallurgie. Certaines sont implantées à l'intérieur du complexe d'El Hadjar, d'autres en différentes régions du pays. Nous avons été également informés que le gouvernement a donné son accord pour leur cession aux Indiens de Mittal Steel. » Les déclarations du premier comme du second seraient en fait un démenti de la rumeur persistante portant sur la décision du gouvernement algérien de céder l'entreprise de production des tubes Alfatus à une société privée russe. Démenti également en ce qui concerne la cession des unités d'Anabib aux Allemands de Bender spécialistes des produits plats et aux Anglais de Primary pour les produits longs dont l'intérêt pour ces unités est un secret de Polichinelle. A la veille de la rentrée sociale, ces informations ont leur utilité. Dans les dossiers traités, les rôles semblent avoir été bien distribués aux Indiens de Mittal Steel, l'acquéreur potentiel de l'ensemble du patrimoine à céder, aux syndicalistes et aux travailleurs. « D'une manière ou d'une autre, plus de 2000 travailleurs, notamment ceux en poste à Alfatus, auraient été concernés par une mise au chômage au cas où un autre acquéreur que Mittal Steel aurait pris possession des entreprises et unités de production en question. Nous nous sommes opposés compte tenu que plusieurs d'entre elles sont implantées à l'intérieur du complexe d'El Hadjar, propriété à 70% du groupe indien », a expliqué le secrétaire général du syndicat du complexe sidérurgique El Hadjar. C'est donc dans une atmosphère de veillée d'armes entourée de confidentialité que les discussions gouvernement algérien-dirigeants Mittal Steel ont été entamées. La démarche qui avait prévalu lors des négociations de 2000 sur la cession du complexe sidérurgique El Hadjar aux Indiens aurait été reconduite. La question de préservation de postes de travail ainsi que de protection des intérêts vitaux de notre industrie ont été au centre des débats. C'est dans ce cadre que les Indiens s'étaient bien préparés en sollicitant des experts allemands, français et d'ex-cadres dirigeants du groupe Sider pour un état des lieux des entreprises cessibles à travers une expertise approfondie. Avec ces acquisitions, Mittal Steel renforce sa position de leader de la sidérurgie mondiale. Mieux, les entreprises de Ghardaïa et Alfatus font de lui le détenteur du monopole des produits longs et plats à travers le monde. Cette dernière position s'est récemment matérialisée en Algérie. A partir de son siège de Londres, le big boss indien a transmis une instruction à son collaborateur d'El Hadjar. Elle porte sur l'interdiction absolue de toute vente de produit sidérurgique Mittal Steel à des opérateurs autres que ceux spécialisés dans la transformation. Cette interdiction avait été précédée par la récente mystérieuse disparition de 26 bobines d'acier du laminoir. Il s'agissait des conséquences induites par la réaction du président-directeur général de Mittal Steel El Hadjar. Dans l'entretien accordé le 26 juillet à El Watan, ce responsable avait affirmé en substance : « Je confirme que des agents ont été sévèrement sanctionnés pour avoir tenté de détourner des déchets ferreux. L'enquête se poursuit toujours pour situer d'autres responsabilités dans la situation anormale relevée. » Dans cette affaire, celle de la fraude fiscale mise au jour par la direction des impôts de Annaba ainsi que sur l'existence éventuelle d'un réseau algérien de faussaires spécialisés dans l'établissement de faux registres du commerce et fausses attestations de franchise fiscale, des cadres indiens et algériens ainsi que de vrais faux exportateurs et opérateurs économiques sont impliqués.