Déstabilisés également par la fin de non recevoir qui a ponctué la dizaine de demandes d'audience adressée par leur directeur général indien aux services de la Présidence, à la chefferie du gouvernement et à différents ministres. Cette déstabilisation s'est accentuée avec l'incident technique survenu, il y a quelques jours, dans le haut fourneau. Cet incident a entraîné un arrêt prolongé de cet outil stratégique dans la production sidérurgique, hypothéquant sérieusement l'objectif de 1,6 million de tonnes à atteindre en 2006. Plusieurs cadres ainsi que les syndicalistes et leur secrétaire général ont estimé que ces agissements sont préjudiciables au complexe sidérurgique d'El Hadjar. Tout en affirmant être dans l'impossibilité de confirmer ces informations, Sanjay Kumar, le directeur général, a précisé : « Nous travaillons en étroite collaboration avec le syndicat pour la réussite du business plan. Nous ne croyons pas à ce qui se dit et à des actes de sabotage à l'usine même si des incidents surviennent de temps à autre. » Démentis également par le comité de vigilance mis en place et assuré par les syndicalistes H/24 suspectant des tentatives de sabotage des installations, à l'image de celui des bandes transporteuses survenu il y a quelques mois. A ces agissements s'ajoutent ceux générés par l'insuffisance énergétique à laquelle sont confrontées les installations et l'importation du million de tonnes de rond à béton d'Ukraine. L'importation devait servir de joint venture aux besoins nationaux en la matière, estimés à 2,2 millions de tonnes/an. Elle serait à l'origine des difficultés d'écoulement sur le marché national du même produit importé en importantes quantités par des opérateurs économiques algériens. Situation que dément Sanjay Kumar. Il a affirmé : « L'importation des produits sidérurgiques n'est pas une activité nouvelle. En 2005, nous avons importé la même quantité. Le seul développement intervenu porte sur l'acquisition par Mittal Steel du plus grand laminoir d'Ukraine en décembre 2005. » Du côté des syndicalistes de Mittal Steel, on impute les perturbations dans les activités du complexe sidérurgique aux professionnels de la faillite de l'économie nationale. « Je ne peux confirmer que le haut fourneau a été saboté pour entraîner son arrêt sur plus de 15 jours. Mais compte tenu que l'incident est intervenu quelque temps après la réception des menaces, tout est possible. Ce qui nous a contraints à mettre en place un comité de vigilance H/24 pour éviter les surprises qu'on nous promet », révèle le secrétaire général de la plateforme syndicale UGTA de Sidi Amar et de Mittal Steel. Les mêmes interlocuteurs ont affirmé que l'apparente dégradation des relations entre leur employeur et les pouvoirs publics algériens serait la conséquence du contentieux Arcelor/Mittal Steel France et des retombées de l'échec subi par la filiale Alfatus du groupe Sider à décrocher le marché portant réalisation de l'oléoduc Arzew (Algérie)-Almeria (Espagne), long de 147 km. La société allemande Tessen a remporté ce marché, devant Alfatus classé 5e sur la liste des soumissionnaires. Cet échec s'est déjà répercuté sur les postes d'emploi de la filiale. Plus de 160 travailleurs contractuels devraient être licenciés dans quelques semaines. Une compression des effectifs composés de 470 agents devrait également intervenir dans les deux prochains mois. C'est-à-dire au lendemain de la réalisation des 23 km de tubes reliquat d'une commande en phase d'achèvement. Rappelons qu'après s'être portée candidate à l'acquisition de la filiale Sider, la société anglo-allemande Primary Bender se serait rétractée à l'annonce de la perte par Alfatus de l'important projet de réalisation de l'oléoduc, étalée sur quatre années.