Nos villes se clochardisent au fil des ans jusqu'à en perdre leur cachet spécifique pour devenir de languissantes cités-dortoirs. Jadis fleuron de la riche plaine de la Mitidja, Boufarik sombre aujourd'hui dans l'anarchie et la saleté. Où sont ces manifestations culturelles, artistiques et sportives qui égayaient des journées mémorables la vie des Boufarikois et qui faisaient la joie de tous. La Fête des oranges, dont Boufarik tirait toute sa fierté, n'a pas eu lieu depuis des lustres. Où sont passées toutes ces variétés d'oranges, pourtant cultivées il y a à peine une vingtaine d'années, aux alentours de la ville et qui décoraient et donnaient des senteurs agréables du Grand Boufarik. Avec la disparition de la Fête des oranges, les Boufarikois assistent à un véritable fiasco socio-économique et culturel, sans que personne lève le petit doigt ou daigne manifester une quelconque répulsion. A qui la faute ? Les pouvoirs publics, la société civile (si elle existe réellement ), les producteurs et commerçants d'agrumes ? En fait, chacun a sa part de responsabilité. Les jus que l'on boit actuellement, comme chacun le sait, sont produits à base de pulpe artificielle importée. Et dire que la célèbre boisson Orangina a connu ses premiers jours à Boufarik. «Chaque année vers la fin du mois d'avril et le début du mois de mai, nous sentions les belles odeurs de l'oranger. C'était, aussi le rendez-vous des fêtes foraines, la braderie, les soirées artistiques…Ah, dès que j'évoque ces moments, j'ai la chair de poule. Cela me rappelle mon enfance», confie, nostalgique, Ahmed, la cinquantaine. Une des icônes les plus importantes de la ville est sans nul doute «le souk hebdomadaire» où tous les lundis, les bouchers, maquignons, éleveurs, marchands d'ovins et bovins du centre du pays, particulièrement du Titteri, se croisaient pour le négoce et les transactions diverses. Hélas, aujourd'hui, il ne reste que le nom de ce souk, car la ville de Boufarik a été littéralement dépouillée de sa vocation au profit de quelques privés qui se sont approprié, contre toute logique, ce patrimoine de la ville (souk) qui constituait d'importants revenus pour l'APC. Quelles sont aujourd'hui les retombées économiques du «souk» pour la ville de Boufarik ? Que des miettes ... La notoriété du légendaire club sportif de la Mitidja, en l'occurrence le WAB, (Widad athlétique de Boufarik), ne se conjugue malheureusement qu'au passé. Le sport, la dégringolade ! Un club qui a vu défiler dans ses rangs les Ahmed Arab, Fedlaoui, Smaïn, Missouri, Belkebir, Yousfi, Selmi Missouri et les défunts Rouaï, Djemil, Bouaïchaoui, Hadji, Haouali et bien d'autres... Un club qui faisait la fierté de la Mitidja et du Sahel algérois, drainant chaque week-end de la saison footballistique, dans son antre baptisé du nom du chahid Mohamed Regaz, nombre de supporters. Malheureusement, le WAB cher aux Boufarikois végète dans les méandres des divisions inférieures du championnat régional. Les supporters du WAB se demandent pourquoi les communes voisines et leurs clubs, comme l'USM Blida et le RC Arba, ont repris du poil de la bête et s'accrochent, tant bien que mal, à l'élite et pas Boufarik ? Le stade actuel de Boufarik n'est pas homologué par la Ligue. C'est pourquoi l'équipe du WAB reçoit ses visiteurs à Bougara, à 20 km à l'est de la ville de Boufarik. Le contexte conjoncturel et la disponibilité d'un espace adéquat requis pour ce genre d'infrastructure sportive, commandent une décision s'inscrivant dans cette perspective. Pour ce faire, Boufarik a besoin de ses enfants volontaires et bâtisseurs, comme au bon vieux temps. A l'orée de l'année 2015, le club phare d'une ville comme Boufarik n'a pas de stade digne de ce nom.Le basket-ball n'a plus les mêmes éclats d'antan dans son berceau. Une chose est sûre, l'imposture n'a que trop duré et les partisans du moindre effort doivent être poussés vers la sortie. En effet, les enfants de Boufarik se sont égarés dans leur propre ville et d'autres se sont installés dans d'autres contrées et sous d'autres cieux. Boufarik a besoin de ses enfants pour un grand stade, un grand hôpital, un grand centre culturel, une zone d'activité afin d'absorber le taux de chômage des jeunes Boufarkois diplômés. «Réveillez- vous ! Que tous les Boufarikois, où qu'ils soient, doivent se donner la main pour que cette ville retrouve son lustre d'antan», espère un quinquagénaire de Boufarik.