De 1965 à 1978, Messaoud Zeghar fut l'un des hommes les plus riches et les puissants d'Algérie. Celui qui inscrivait scrupuleusement dans des petits carnets les noms et les sommes d'argent qu'il remettait aux hautes personnalités de l'Etat algérien fut durant toute sa vie une énigme et un mystère pour les Algériens. Certains ont même tenté de le diaboliser en le présentant comme un vulgaire homme d'affaires qui a fait fortune en bénéficiant des largesses de l'ancien président Boumediène, son ami intime. Pire, l'ancien président Bendjedid le jeta en prison, en l'accusant d'être un vulgaire intermédiaire à la solde de puissances étrangères comme les Etats-Unis, et entraînant alors, selon ses détracteurs, une atteinte à la sûreté de l'Etat algérien, avec l'accusation de haute trahison. Lui qui fut un illustre moudjahid, ayant créé un des premiers ateliers de fabrication d'armement au Maroc et qui fut pendant la guerre de libération le grand pourvoyeur d'armement pour la Révolution. Entrepreneur de génie, mais également émissaire de Boumediène auprès des Américains, il fut l'un des grands artisans des relations de l'Algérie avec les Etats-Unis. C'est ce mystère qui entoure celui qui avait pour nom de guerre Rachid Casa, que Seddik Larkeche a cherché à percer en s'appuyant sur des documents, des lettres, des témoignages inédits et des informations jamais révélées. L'auteur a tenté de remonter le fil de l'histoire et de focaliser son ouvrage sur la trajectoire de ce personnage hors du commun, né à El Eulma dans une famille pauvre, qui n'a pas beaucoup fréquenté les bancs de l'école, et qui va bâtir un empire international. L'ouvrage, qui est à ce jour l'enquête la plus complète écrite sur Messaoud Zeghar, revient sur cette vie incroyable, passionnante et rocambolesque de cet homme hors du commun, qui a défrayé la chronique internationale par le kidnapping de sa sœur, Dalila, au Canada, et qui va acquérir le fleuron de l'industrie internationale avant sa chute brutale avec la faillite de son empire dans les années quatre-vingts et qui succombera à une crise cardiaque dans une chambre d'hôtel. L'auteur, qui ne cache pas sa fascination pour le personnage, reconnaît que retracer la vie de Rachid Casa a «été un exercice périlleux, d'abord parce qu'il est entré dans la mémoire collective algérienne avec une histoire qui laisse rarement indifférent». Et de rappeler que tous les écrits sur le personnage sont souvent équivoques, car ils se basent fréquemment sur des approximations, des rumeurs qui sont contredites par la réalité de son parcours. Seddik Larkeche démonte dans son livre ce qu'on a tenté d'attribuer de façon erronée à Messaoud Zeghar, comme la fameuse caisse noire qui devait alimenter un fonds secret devant secourir en cas d'urgence son fidèle compagnon, le président Houari Boumediène. Cette fortune aurait été spoliée par les services secrets algériens à son arrestation.