L‘Algérie est classée au 136e rang mondial en matière de gouvernance électronique», a affirmé, hier, l'universitaire et chercheur Toumi Abderrahmane, lors du séminaire international sur «La gouvernance électronique et le service public dans les pays arabes», organisé par la faculté des sciences économiques, commerciales et sciences de gestion de l'université M'hamed Bouguerra de Boumerdès (UMBB). L'Algérie est même classée derrière la Libye, un pays instable depuis plusieurs années. Selon l'universitaire, qui a animé une communication sur le thème «Le e-gouvernement et l'amélioration de la qualité de service dans les pays arabes», ce classement a été rendu public après l'enquête de l'Organisation des Nations unies (ONU) sur l'indice de développement du e-gouvernement au coursde l'année 2014. «L'Algérie caracolait en 2012 132e sur un total de 195 pays. En deux ans, le pays a perdu 4 points», a-t-il ajouté, avant d'énumérer les causes. Selon le docteur Toumi, ce recul est causé par l'absence de volonté politique claire en raison de la sensibilité du concept lui-même. L'orateur a indiqué, également, que ce recul est provoqué par plusieurs facteurs liés au manque de compétences, à l'absence de formation et au vide que caractérise le volet législation. Abordant ce volet, le professeur Oulebsir a affirmé : «A ma connaissance, il n'existe qu'un seul texte de loi, le décret du 4 juillet 1988, abordant l'amélioration de service public qui est une obligation institutionnelle.» Et d'ajouter : «Les pouvoirs publics ont introduit des lois sans citer implicitement le concept de la e-gouvernance, c'est l'exemple de l'élaboration de la loi de l'information de 2012, où de larges prérogatives ont été octroyées au département ministériel de la Communication d'animer l'information, et ce, dans le but d'améliorer l'image des institutions et de l'administration.» Le rapport des Nations unies indique encore que plusieurs pays africains, notamment les Seychelles, le Maroc et la Tunisie devancent l'Algérie. Les pays du Golfe, une région vivant de la rente pétrolière, ont pu développer et généraliser le principe de la e-gouvernance et, en un an, les Emirats arabes unis ont instauré le gouvernement électronique de Dubaï. Ces pays, selon le docteur Toumi, ont devancé plusieurs pays dans le monde et peuvent réaliser des résultats probants dans les prochaines années. Le continent africain reste le mauvais élève en matière de e-gouvernance avec le score de 0,27 sur 1, en dessous de la moyenne mondiale de 0,47. Au niveau mondial, la Corée de Sud est classée championne de la e-gouvernance sur plusieurs années consécutives avec un indice de 0,928. L'Afrique vit une fracture économique qui coûte très cher au développement du continent. Selon une étude de l'ONU réalisée en 2008 sur le continent noir, les investissements injectés dans la gestion des affaires publiques n'ont concerné que le e-gouvernement et non pas la e-gouvernance, et ce, dans l'optique de surmonter les faiblesses de la gouvernance traditionnelle, notamment l'absence d'ouverture, une corruption excessive et le manque de responsabilité.