L'Algérie a encore une fois perdu des points en matière de lutte contre la corruption, à en croire la dernière étude de Transparency International (TI), consacrée à l'évaluation de l'Indice de perception de la corruption (IPC), publiée la semaine dernière. Selon ce nouveau classement, l'Algérie ne fait pas mieux que 112e sur 182 pays avec un indice de 2,9 sur 10. Il faut savoir que le score d'un pays indique le niveau perçu de corruption dans son secteur public sur une échelle de 0 à 10, où 0 signifie qu'un pays est perçu comme extrêmement corrompu, et 10 comme extrêmement intègre. Avec sa note 2011, l'Algérie perd encore 7 places par rapport à l'indice de 2010. Preuve en est que le phénomène prend encore de l'ampleur. Pour l'Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC), ce classement est «révélateur de l'aggravation de la situation qui prévaut en Algérie en matière de gouvernance», ce qui ne constitue pas «une surprise, ces dernières années ayant été marquées non seulement par une explosion des affaires de grande corruption, mais aussi par une totale absence de volonté politique du pouvoir à lutter contre la corruption». En 2010 déjà, les tribunaux avaient dû trancher sur «948 affaires liées à la corruption», selon une déclaration du directeur des affaires pénales et des grâces au ministère de la Justice, Mokhtar Lakhdari. Détournements de deniers publics, abus de fonction, corruption de fonctionnaires et octroi de privilèges injustifiés dans les marchés publics sont autant de visages de la corruption en Algérie dont les collectivités locales représentent le secteur le plus touché par le phénomène, selon ce responsable. Une réalité qui fait de l'Algérie le pays le moins bien classé dans la région du Maghreb, puisqu'elle est devancée par la Tunisie et le Maroc et se place au même niveau que l'Egypte. Il faut noter dans ce classement qu'aucun pays d'Afrique du Nord n'obtient la moyenne, alors que les pays du Golfe sont les mieux lotis puisque les premiers d'entre eux, le Qatar et les Emirats arabes unis, arrivent respectivement 22e et 28e avec des scores supérieurs à 5. Mais globalement, les deux tiers des pays évalués obtiennent une note inférieure à 5. L'ONG explique cette situation par une prise de conscience au niveau mondial au sein des sociétés civiles face à «des gouvernements qui ne protègent pas leurs citoyens de la corruption, qu'il s'agisse de détournements de fonds publics, de versements de pots-de-vin ou de processus de décision opaques». Les manifestations «organisées à travers le monde, souvent alimentées par la corruption et l'instabilité économique sont révélatrices de l'exaspération des citoyens qui jugent que leurs dirigeants et institutions publiques sont insuffisamment transparents et responsables vis-à-vis d'eux», souligne TI. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si «la plupart des pays du Printemps arabe sont classés dans la moitié inférieure de l'indice, avec un score inférieur à 4», souligne-t-on dans le document. Avant le Printemps arabe, un rapport de Transparency International avait déjà noté «que le népotisme, les pots-de-vin et le clientélisme étaient si profondément ancrés dans la vie quotidienne que même les lois anti-corruption existantes n'avaient que peu d'effets». L'Algérie qui ne figure pas parmi les pays du Printemps arabe en partage néanmoins les caractéristiques en matière de corruption, même si des actions sont menées par les autorités sur le plan réglementaire, que des affaires sont révélées au grand public et que des responsables sont traduits en justice. Pour l'AACC, le problème est que «le pouvoir algérien ne fait pas uniquement semblant de lutter contre la corruption, il s'acharne surtout à combattre les organisations et les militants politiques et associatifs qui dénoncent la corruption et essaient de multiplier les initiatives pour la contrer».