Le jury a distingué L'immeuble Yacoubian, film égyptien de Marwan Hamed (grand prix de l'IMA, 7500 euros). Un film certes pas un chef-d'œuvre, mais une rareté dans le cinéma égyptien actuel, offrant une mise en scène tout sauf banale, un panorama de l'Egypte des années 1930 percutant et des acteurs (d'ailleurs primés) excellents : Nour El Chérif, Adel Imam, Yousra, Hind Sabri… On ne félicitera cependant pas le jury d'avoir rayé les films de Belkacem Hadjadj et surtout le remarquable travail de Djamila Sahraoui dont Barakat est seulement mentionné pour la bonne interprétation de Rachida Brakni. Autre petite ombre au tableau : si le prix de la première œuvre pour Bosta de Philipe Aractingi (Liban) est largement mérité l'autre long métrage Zozo de Joseph Farès (Liban aussi) méritait à nos yeux au moins une mention au palmarès. C'est dire qu'au moment où le pays du Cèdre est lâchement agressé jour et nuit par l'aviation sioniste, le cinéma libanais a rehaussé la 8e Biennale par des œuvres audacieuses, convaincantes et qui méritaient plein de distinctions. A cette biennale (l'une des meilleures organisées par l'IMA), on a hélas raté le film d'Arabie Saoudite Les ombres du silence. Regret non pas pour son origine, mais parce qu'il a été écrit par… Ahmed Rachedi et interprété par Sid Ahmed Agoumi ! Le catalogue dit qu'il s'agit d'un huis clos où savants, intellectuels et politiciens arabes palabrent et cherchent à trouver une issue à leur sort. Une autre Libanaise, Mai Masri, a reçu le grand prix section documentaire pour son reportage sur Beyrouth. Dans la même section, le jeune réalisateur algérien Nassim Amaouche a décroché un prix spécial pour Quelques miettes pour les oiseaux tourné à la frontière entre la Jordanie et l'Irak. Tendre et assez cruel à la fois, le portrait de Tanger des années de guerre et d'occupation coloniale de Farida Benlyazid n'a pas reçu bon accueil. C'est une œuvre qui attire pourtant l'attention par le regard critique sur l'insoutenable dédain dans lequel les forces alliées occidentales tenaient le peuple marocain à l'époque.