Des gérants abonnés aux services d'Algérie Télécom détournent les lignes réservées aux domiciles pour les exploiter dans des cybercafés, afin de ne pas payer des factures liées à une activité commerciale. Le fait ne passe pas inaperçu. Le nombre des cybercafés dans la wilaya, et notamment dans la ville de Constantine, a connu ces dernières années un véritable boom. En témoigne ces locaux qui poussent comme des champignons, y compris même dans les quartiers dits anarchiques. Mais la question qui se pose est la suivante : ces gérants de cybercafés qui parviennent à ouvrir ces locaux avec facilité, activent-ils tous conformément à la loi ? Les chiffres qui nous ont été communiqués par les services de la direction de la réglementation et des affaires générales (DRAG) montrent qu'il s'agit de 76 cybercafés agrées. Mais selon la responsable du département commercial de la direction opérationnelle des Télécoms (DOT) de la zone ouest, seulement 30 cybercafés sont déclarés à leur niveau. Notre interlocutrice précise que les propriétaires de ces cybercafés ont tendance à demander une ligne Internet pour leurs domiciles, mais en vérité ils le font pour ouvrir un cybercafé. «Nous ne sommes pas habilités à demander à nos clients la présentation d'un agrément pour l'ouverture d'un cybercafé. Seuls les services du commerce peuvent nous aider à identifier des personnes qui exercent de manière clandestine», a-t-elle précisé. «Cette situation est grave, et ce genre de fraudes a un impact négatif sur le chiffre d'affaires d'Algérie Télécom», poursuit-elle. La comparaison est simple à faire car pour une ligne Internet accordée à un domicile, on paie .600 DA, contrairement aux cybercafés, où le propriétaire doit débourser au moins 10.000 DA. La même responsable dira : «Les tarifs sont plus chers pour les cybercafés car il s'agit d'une activité commerciale ; mais dans ce cas il s'agit de fraude car les clients ne déclarent pas leur intention d'ouvrir un cybercafé pour échapper aux tarifs». Il faut dire aussi que tous ces gérants de cybercafés, non déclarés aux services d'Algérie Télécom, passent tous par la DRAG pour avoir leurs agréments, afin d'éviter toute forme de répression en cas d'inspection. Un manque de communication Une autre question se pose : pourquoi les directions concernées ne communiquent pas afin d'aboutir à une solution pour ce problème ? Pour Talel Fadloun, chef de service des établissements classés et des professions organisées au niveau de la DRAG, 76 cybercafés ont été recensés dans la seule commune de Constantine. Pourtant seuls 30 cybercafés sont déclarés aux services des Télécoms. «Nous avons établi ce recensement suite à la demande du chef de service de la DOT Est, au niveau d'El Khroub, qui a constaté qu'il y a des gens qui exercent de manière non réglementaire. Et nous avons répondu à sa demande sans aucune hésitation», a-t-il déclaré. Il nous a affirmé aussi qu'il est enregistré au niveau de leurs services une diminution du nombre des cybercafés exerçant illicitement par rapport à l'année écoulée, et ce n'est qu'à la DOT Ouest de prendre l'initiative pour saisir la direction du commerce et les services de la DRAG pour protéger ses intérêts. De son coté, Azouz Goumeyda lchef de service d'observation du marché et de l'information économique à la direction du commerce, nous a confirmé que presque tous les cybercafés, exercent de manière réglementaire. «Nos commissions d'inspection organisent régulièrement des sorties dans le but d'empêcher ce genre de fraude. Et durant les neuf premiers mois de l'année 2014 nous avons enregistré uniquement 4 procès verbaux d'infraction. Les services de la Télécom n'ont pas signalé ce genre de fraude à la direction du commerce, pour savoir si ces cybercafés sont déclarés au sein de la Télécom ou non», a-t-il expliqué.