Toujours la même rengaine au FLN, la crise interne, qui dure depuis plus d'une année, persiste en attendant le prochain congrès du parti. Après les attaques de Amar Saadani, qui a accusé ses détracteurs de n'être que des «moins que rien» et de ne pouvoir tenir une réunion en dehors d'Alger, les frondeurs décident de riposter. Pour Abderrahmane Belayat, l'un de ses plus farouches adversaires, les propos du patron du parti sont dénués d'intérêt.«Il parle pour ne rien dire. C'est du vent pour amuser la galerie, juge l'ex-coordinateur du bureau politique. Je lui rappelle qu'à chaque fois que nous avons tenté de manifester, il a fait appel aux forces de l'ordre. Idem avec les mouhafedhs à qui il a donné instruction de nous barrer la route par tous les moyens». Et d'estimer que les propos du secrétaire général du parti ne sont pas un défi, mais plutôt un avertissement qui leur est adressé. «Il nous avertit qu'il usera des moyens qu'il a l'habitude d'utiliser si nous tentons de manifester», renchérit-il. Par ailleurs, l'ancien membre du bureau politique conteste la présence des 75 mouhafedhs hier au siège du parti. Pour lui, la direction actuelle du FLN a joué sur les apparences en faisant venir des militants qu'on a fait passer pour des responsables locaux. «Beaucoup parmi les personnes qui étaient présentes n'étaient pas des mouhafedhs. La direction a mis en place ce subterfuge face à la défection de plusieurs d'entre eux.» Quant à la demande adressée aux mouhafedhs, dans laquelle Amar Saadani leur réclame de lui retirer leur confiance s'ils estiment cela nécessaire, Abderrahmane Belayat juge démagogique une telle démarche et en contradiction avec les statuts du parti. «Seul le comité central est habilité à retirer la confiance au secrétaire général», rappelle-t-il. Mais l'ex-coordinateur soupçonne le secrétaire général de vouloir substituer les membres du comité central par les mouhafedhs : «Il ne veut pas du comité central. Par conséquent, il préfère s'appuyer sur les mouhafedhs dont plusieurs lui doivent leur promotion.» Guerre des clans Si pour la plupart des observateurs, les déclarations du secrétaire général du FLN sont dirigées contre le groupe des contestataires, Abderrahmane Belayat en fait une autre lecture et estime que derrière ces attaques se cache la guerre que livre Amar Saadani au ministre de la Justice, Tayeb Louh, présenté comme possible candidat au poste de secrétaire général. «Saadani attaquait en réalité Tayeb Louh, ajoute Abderrahmane Belayat. C'était lui qui était visé par les déclarations tenues samedi.» Pour les adversaires du secrétaire général, la prochaine échéance, qui doit avoir lieu le mois prochain, sera cruciale et pourrait permettre un dénouement de la crise que traverse le parti depuis plus d'une année. Nombreux ceux qui, connaissant le caractère incendiaire du secrétaire général du FLN, s'attendent à ce qu'il use de tous les moyens pour rester en place.«Amar Saadani est dans l'obligation d'organiser une réunion du comité central en décembre, rappelle un membre du CC. Cette réunion pourrait voir l'émergence d'une nouvelle direction, tout comme on sait à quoi s'en tenir avec cette direction.»