Rien ne semble infléchir les habitants de la daïra de Chemini (65 kilomètres au sud de Béjaïa), déterminés à s'assurer auprès des autorités du raccordement effectif de leurs foyers au réseau public de distribution de gaz naturel. Ils l'ont montré lors de leur dernière action de rue qui pourrait ne pas être la dernière du genre en attendant une réaction concrète des pouvoirs publics. La seule réponse qui leur est parvenue de la part du wali, via les ondes de la radio locale, est que l'affaire dépasserait le premier responsable de la wilaya. Après avoir vainement tenté d'attirer l'attention des autorités par la fermeture à plusieurs reprises de la RN26, ceux-ci ont, en effet, marché massivement, dimanche dernier, dans les rues du chef-lieu. Une action ponctuée par une grève générale dans les quatre communes de cette daïra, en l'occurrence Chemini, Akfadou, Souk Oufella et Tibane. Soutenus par leurs voisins de Tinebdar, à l'appel de leur maire, les habitants des quatre localités ont aussi observé un rassemblement en fin de parcours. Le mot d'ordre : «raccordement immédiat au gaz naturel». Sur les nombreuses pancartes brandies par les manifestants, on pouvait lire : «Non à la hogra, non à l'exclusion», ou encore «wali dégage !». Dans le tas, un slogan est revenu comme un leitmotiv: «sans gaz dans un pays de gaz !». C'est cela qui semble motiver la coordination des communes de la daïra de Chemini, à ne pas lâcher prise, en plus de l'appréhension des rigueurs de la saison froide que tout le monde sait extrêmement pénibles pour les populations campagnardes. La coordination tente d'arracher un raccordement immédiat de la daïra au gaz ou du moins une notification certifiant le lancement concret du projet de raccordement, a expliqué sur les lieux Ihedène Idris, membre de cette structure intercommunale. «Notre mouvement a pour objectif le raccordement de notre daïra en priorité au réseau de gaz, pour la simple raison que nous sommes une région montagnarde qui manque de tout et parce que la ligne transport traverse pratiquement l'ensemble de nos communes», a-t-il déclaré. Et de préciser que «la population est consciente que le projet ne se fera pas à un coup de baguette magique» mais qu'elle «exige du concret et non des promesses». En outre, la coordination se dit «déçue» par l'attitude des élus. «Le wali de Béjaia qui a essayé de nous intimider en discréditant nos élus n'a peut être pas tort ? Lorsque ces derniers courent derrière les lots de terrains et les licences pour des débits de boissons alcoolisées et autres passe-droits, s'humilient tout en nous humiliant», peut-on lire dans le communiqué n°10 de la coordination. Un habitant de Chemini a, pour sa part, destiné ses flèches aux élus nationaux. «S'ils se mettaient à faire ce pour quoi ils ont été élus, on n'en serait pas à patauger tous seuls dans une situation d'indifférence totale des autorités à notre égard», tempête-t-il. Par ailleurs, un rassemblement concomitant a été tenu devant le siège de la wilaya par des centaines de demandeurs de logement social de la commune de Béjaïa, réclamant «la distribution des logements sociaux disponibles». Selon Rachid Mansouri, un des meneurs de ce mouvement, le wali aurait accédé à la demande des protestataires en leur promettant la distribution, avant la fin de ce mois, de 196 logements sociaux et 87 autres pour reloger les victimes du séisme de 2012.