A la faveur de la tenue de la 6e édition du Festival international de danse contemporaine d'Alger, le danseur et chorégraphe, Raghunath Manet, a animé, à l'hôtel Es Safir, à Alger, une conférence portant sur l'influence de la danse indienne sur la danse occidentale. Pour ce spécialiste de la danse indienne, cet art en Inde est une histoire d'amour entre les hommes et les dieux. «En Inde, dit-il, les dieux sont partout. Nous sommes les enfants de Dieu. Donc, nous avons tous droit au bonheur à travers des armes qui sont la danse, la poésie, la littérature et la peinture. On dit que c'est le chemin le plus facile pour aller vers le divin. C'est la raison pour laquelle le dieu Shiva, qui est le dieu du yoga, donne la puissance. Il donne la bonne médecine, la bonne danse et la bonne musique». Ainsi, l'art de la danse et de la musique est au service du divin. Le conférencier rappelle que l'Inde est un pays de maharajas. Par définition, le maharaja incarne le divin suprême. Le maharaja est la personne qui trône dans tous les temples construits. Les temples construits regroupent tous les corps de métiers, en l'occurrence ceux qui vont construire les tombes, les peindre, les décorer, ceux qui vont faire de la musique. Les temples étaient entretenus notamment par les danseurs et les musiciens. Les artistes en question étaient même présents à la cour des maharajas. L'orateur d'un autre maharaja était également un prince. Ce dernier était aussi danseur et joueur d'un instrument musical. «Nous avons des références de rois qui étaient formés par des danseurs et musiciens et responsables de leurs enfants. Et comme l'Inde avait plusieurs royaumes, il y avait plusieurs troupes de danseurs et musiciens», a précisé le chorégraphe indien. Toujours selon le conférencier, ce système a continué à fonctionner. Puis, il y a eu les colonisations par différentes civilisations, notamment par les musulmans, les Mongoles, les Anglais, les Espagnols et les Portugais. En dépit de ces guerres, la culture indienne a été préservée, et il s'en est suivi un changement de mentalités. A une époque, l'Inde était littéralement colonisée par les Anglais. Dans ces territoires occupés par les Français, les missionnaires catholiques qui voulaient christianiser les Indiens étaient choqués quand ils entraient dans les temples, en y découvrant de jolies danseuses, habillées élégamment, et étaient également scandalisés de découvrir que les maharajas organisaient de somptueuses réceptions à leurs hôtes. De même qu'ils étaient surpris par ces sonorités qu'ils ne comprenaient pas. Alors, les voyageurs français envoyaient des récits à l'Occident. Dès lors, il y a eu une sorte d'effervescence. A la même époque, en France, des expositions universelles étaient organisées, où on venait découvrir une autre civilisation. «On comprend très vite que l'Occident a besoin, quelque part, du développement artistique américain. Les Américains, bien qu'ils n'aient jamais mis les pieds en Inde, se sont inspirés de la danse indienne. Ils ont commencé à imaginer des décorations et conserver les mouvements qu'on voulait», explique-t-il. L'Inde a sans conteste influencé les débuts de la construction de la danse contemporaine. Dans toutes les disciplines, il y a l'effervescence de l'exotisme indien qui prend forme pour apporter des créations. L'Inde a toujours été une source d'inspiration. «La danse indienne a complètement influencé l'Occident. Nous possédons la danse la plus vieille au monde. Nous possédons des écrits sur la théorie de la danse qui sont datés de IIe siècle après Jésus-Christ. Quelle est l'idée de la danse contemporaine indienne ? C'est l'idée de retourner vers la nature, vers le divin», conclut le chorégraphe indien.