L'élection présidentielle est en train de se transformer en un face-à-face Béji-Marzouki. Malgré son statut de Président sortant, Marzouki traîne le pas. A-t-il encore des chances de succéder à lui-même ? Tunis De notre correspondant Tous les moyens sont bons pour la direction de communication de la campagne électorale de Moncef Marzouki, afin de booster la popularité de leur leader. Ainsi, les pro-Marzouki n'ont cessé de diffuser de fausses informations sur la santé de Béji Caïd Essebsi à travers les réseaux sociaux. Ce sont, aussi, des pro-CPR (le parti fondé par Marzouki) qui ont essayé de faire de la surenchère lors de la grève des transports. Marzouki continue de faire appel aux si mal nommées Ligues de protection de la révolution, ainsi qu'aux prédicateurs rigoristes. Le président en exercice se place de fait en défenseur du terrorisme aux yeux d'une large frange de l'opinion publique, selon le politologue Slaheddine Jourchi, alors que la Tunisie continue à enterrer les martyrs de ce fléau. Toutes ces manœuvres de Marzouki entrent dans le cadre de ses essais de reconquête du terrain perdu devant son principal rival, Béji Caïd Essebsi. Le président-candidat ne veut pas calquer la démarche d'Ennahdha. Il essaie, plutôt, de se différencier par rapport à Ennahdha, qui «a capitulé devant les manœuvres du Dialogue national». «Les gouvernements de la troïka ont constitué un échec parce qu'ils ont dévié par rapport aux principes de la révolution et ses objectifs», n'a cessé d'insinuer Marzouki, en essayant d'accuser l'opposition et l'UGTT d'être les instigateurs de ces complots contre la révolution. L'euphorie de Béji Pour contourner son fiasco populaire, Marzouki opte pour des meetings au milieu de la rue, afin de noyer les présents au milieu de la foule des citoyens. Il a par ailleurs opté pour cette solution, suite à l'échec de son meeting d'ouverture dans une salle de spectacles huppée de la capitale. Marzouki n'est pas parvenu à réunir les 800 personnes pouvant remplir cette salle. De l'avis de tous, Béji Caïd Essebsi est le super favori de ce premier tour des élections présidentielles. Mais la multiplication des candidatures a dispersé l'électorat, faisant du tort au candidat de Nidaa Tounes, qui distance certes Moncef Marzouki. Mais, Béji n'atteindrait, semble-t-il, pas les 50 % fatidiques pour passer dès le premier tour, à moins d'un sursaut rageur, de dernière minute, des militants du Nidaa Tounès et des électeurs convaincus du devoir de «se débarrasser» de Marzouki, comme l'ont affirmé plusieurs dirigeants du Nidaa, afin d'éviter le pire à la Tunisie. Il est toutefois utile de souligner que des centaines de milliers de voix iront, encore une fois, dans les poubelles parce que la loi électorale, très souple, imposée par Ennahdha et ses alliés au sein de l'Assemblée nationale constituante, a permis à des dizaines de candidats de concourir, sans qu'ils aient la moindre chance de passer. Le tri de l'ISIE a certes ramené le nombre de candidatures de 70 à 27. Mais, c'est encore un nombre pléthorique pour un scrutin portant sur la magistrature suprême. Les «zéro virgule» cumulés risquent de flirter avec les 15%, ce qui rend difficile le passage au premier tour. Béji continue son show. Mais Marzouki ne lâche pas.