Après les cinq jours de grève qui les ont fortement affaiblis, les étudinats reprennent les chemins de la négociation avec l'administration de l'université. Les 7 candidats au mastère en hydrocarbures qui occupaient depuis plus d'une semaine la devanture de l'université Kasdi Mebah de Ouargla ont finalement suspendu leur mouvement de protestation comptant, selon eux, sur une médiation des députés de la wilaya avec l'administration de l'université. Disqualifiés à la dernière minute pour non-accomplissement des inscriptions dans les délais impartis et malgré leurs moyennes très élevées, s'agissant de majors de promotion, ces derniers n'en revenaient pas de se voir dispensés de cours malgré leur admission préliminaire. Après moult démarches, 5 jours de grève de la faim qui les ont fortement affaiblis, ils reprennent les chemins de la négociation avec une administration qui s'est blindée de lois et procès-verbaux de réunion et de délibérations qui disqualifient tous les retardataires. Le recteur de l'université oppose un niet définitif à leur recours déposé le 28 octobre, puis le 9 novembre dernier et estime avoir donné suffisamment de temps aux inscriptions au moment où l'année universitaire couronne son second mois. Affaiblis, le regard hagard mais avec une détermination déconcertante, les protestataires estiment être dans leur bon droit. Leur argument : être les meilleurs et avoir effectué toutes les démarches administratives nécessaires. «Entre le 22 et le 26 juin dernier, nous nous sommes portés candidats à cette formation et une fois les listes affichées, nous avons dû attendre la remise des diplômes de licence pour pouvoir déposer nos dossiers avec une semaine de retard ; une fois les droits d'inscription payés, on nous a demandé de revenir chercher les attestations à la rentrée, mais le 9 septembre les résidences étaient encore fermées et nous avons dû faire plusieurs allers-retours avant de nous résigner à revenir le 20 octobre, et là on se retrouve hors de course, ceux qui sont venus entre le 28 septembre et le 19 octobre ont pu les retirer, mais pas nous», affirme Senjassni Hamza, un des grévistes. Lakssassi Abdelaziz dira lui aussi : «Nous nous considérons comme étudiants à part entière, n'en déplaise au recteur qui nous toise de haut et ne veut même pas nous écouter, mais nous ne reculerons pas avant qu'on nous rétablisse dans nos droits.» Autre son de cloche de l'administration de l'université. Pour Abdelhakim Senoussi, le vice-recteur, «l'admission au mastère s'est faite dès avril 2014, on s'y est pris à temps et même à l'avance pour permettre un bon déroulement. Ainsi, du 21 eu 28 juin, les candidatures ont été déposées, l'étude préliminaire au niveau des facultés s'est faite la première semaine de juillet ; entre-temps, le nouvel arrêté ministériel n° 363, du 9 juin 2014, définissant les critères d'acceptation et les catégories concernées a paru, et c'est en toute transparence que nous avons procédé à l'opération». Interrogé sur le déroulement de la procédure d'inscription et la raison du paiement des droits d'inscription, le vice-recteur estime que «certains candidats ont anticipé le paiement des droits d'inscription de 200 DA qui ne donne pas droit à l'inscription, car elle doit se faire une fois la liste définitive établie, chose qui s'est faite entre le 1er et le 15 septembre 2014.» M. Senouss précise que les inscriptions définitives se sont déroulées du 16 au 30 septembre, période durant laquelle quelque 3100 étudiants ont complété leur dossier, déposé l'original du relevé des notes du baccalauréat, payé les droits d'inscription et reçu leur attestation d'inscription en main propre. Le cas des grévistes pose, selon lui, un problème de discipline. «Les cours de mastère ont officiellement commencé le 1er octobre 2014, entre-temps des retardataire se sont présentés à l'université et nous avons prolongé les délais jusqu'au 7 octobre, le doyen de la faculté des hydrocarbures a même ajouté une autre semaine, soit jusqu'au 15 octobre et le rectorat a fermé les yeux, mais là nous sommes devant des personnes qui ont passé les vacances et les deux Aïds chez eux, ils ont pris le temps de voir tous les matchs de l'équipe nationale avant de venir à 5, puis à 10, les 28 octobre et le 9 novembre dans une attitude irrespectueuse envers un établissement universitaire et des étudiants ayant effectué 6 semaines de cours.» L'avis du recteur de l'université n'est pas en-deçà de la fermeté de son bras droit. Pour le professeur Ahmed Bouterfaïa, «nous ne céderons par à la pression, surtout venant d'anciens étudiants qui savent comment nous fonctionnons et je leur dis en toute amitié qu'ils sont les bienvenus l'année prochaine, en septembre, et qu'il est grand temps pour nous de reconsidérer la donne disciplinaire et son importance dans le cursus universitaire.» M. Bouterfaïa n'y va pas par quatre chemins : pour lui, ces grévistes savent qu'ils ont tort, ils finiront par comprendre que l'université de Ouargla, qui vient de décrocher la 2e place au classement des universités algériennes, usera de l'intransigeance nécessaire devant les cas d'indiscipline.