Depuis une semaine, les étudiants en mastère de l'Université des sciences et de la technologie Houari-Boumediène de Bab Ezzouar observent une grève illimitée. Les entrées aux blocs de travaux dirigés (TD) et de travaux pratiques (TP) sont filtrées par les étudiants grévistes qui se relèvent le long de la journée. Sur des banderoles accrochées aux murs, il est indiqué que le mouvement est illimité et ce, jusqu'a l'entière satisfaction des revendications, soit la réintégration des étudiants, l'ouverture des postes de graduation et le départ du vice-recteur pédagogique, M. Saïdi. Un délégué des étudiants nous a confirmé que le vice-recteur pédagogique avait tenté dimanche dernier d'approcher des étudiants pour les «raisonner», en leur assurant qu'il examinera leur dossier au cas par cas, mais sans grand succès. Suite à son échec, «il a voulu briser la grève en instruisant les agents de sécurité de libérer les lieux bloqués». Les protestataires refusent et dénoncent cette démarche en précisant que l'année universitaire a été entamée il y a deux mois et que les dossiers devaient être examinés auparavant. Ils soulignent aussi qu'ils ne sont qu'à deux mois des examens de la nouvelle année. Un étudiant dispose de cinq ans pour décrocher sa licence en plus d'une année optionnelle et ce sont notamment les étudiants qui devraient bénéficier de cette année optionnelle qui ont été écartés des inscriptions et ce, sans aucun motif. Par ailleurs, il explique que «M. Saïdi essaye d'induire les étudiants en erreur sachant que la plupart ne connaissent pas leurs droits», affirmant que «M. Saïdi en profite pour prendre des directives hors-la-loi». Pour illustrer les pratiques ambivalentes du vice-recteur, ce délégué nous a indiqué qu'il y a un mois, il avait arbitrairement interdit l'entrée en mastère des étudiants de la promotion du baccalauréat 2006. Il pense que l'on va s'affaiblir, mais il se trompe. Nous sommes très motivés et nous irons jusqu'au bout. Si ce n'était pas le manque d'effectif, nous aurions déjà fermé l'université», précise-t-il. Une enseignante rencontrée au campus nous a indiqué soutenir les revendications des étudiants mais déplore leur manque d'organisation. «Nous comprenons les aspirations des étudiants mais ce mouvement est mal géré, nous avons accès aux salles de TD à 8h car les grévistes n'arrivent pas avant 10h puis de nouveau vers 16h30 car ils sont déjà partis. Nous déplorons la méthode. Nous avons peu de salles disponibles et nous allons devoir rattraper beaucoup de cours. Nous souhaitons que les étudiants soient mieux organisés et ne bloquent plus l'accès aux salles de TD», a-t-elle dit. Pour sa part, M. Khelifi, président de l'Union nationale des étudiants algériens (UNEA), nous a indiqué soutenir le principe de grève illimitée. «La première action du vice-recteur pédagogique a été de geler les activités des associations estudiantines qui soutiennent le mouvement. Il a donc décidé de rompre la communication avec tous les partenaires. A l'instar des étudiants, nous soutenons leur demande concernant le départ de M. Saïdi qui a prouvé qu'il ne voulait pas régler les problèmes.» Aussi, M. Khelifi nous a indiqué avoir appris que jusqu'a hier, le ministère de l'Enseignement supérieur n'était pas au courant de ce mouvement à l'USTHB et que désormais, il allait réagir dans les tout prochains jours. «A notre niveau, nous avons demandé à l'administration de l'université de nous déléguer un émissaire en remplacement de M. Saïdi mais cette dernière n'a pas répondu. C'est donc l'ensemble de l'administration qui joue le pourrissement et refuse le dialogue.» Concernant la suite du mouvement, M. Khelifi indique soutenir les étudiants mais pas la fermeture de l'université qui, selon lui, engendrerait beaucoup de problèmes. Nos tentatives afin de contacter M. Saïdi se sont une nouvelle fois avérées vaines.