La présentation, par la ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Mme Zohra Derdouri, du projet de loi relatif à la signature et à la certification électroniques était une occasion inespérée pour les députés pour soulever les multiples problèmes liés au commerce électronique de technologies et surtout à l'internet haut débit, qui constitue le support principal de cette certification électronique et dont la disponibilité à grande échelle demeure un casse-tête. Les députés n'ont pas été tendres avec la ministre et n'ont pas été avares en critiques. En prenant la parole en premier, la ministre a expliqué les buts d'un tel projet. Selon elle, ce texte vise à améliorer le climat de confiance dans la dématérialisation et la fluidification des échanges économiques, et ce, à travers des instruments différents que sont la technique juridique du droit de la preuve et la technique informatique pour parer aux effets néfastes de la dématérialisation des échanges. La ministre a affirmé, lors de son exposé, que la certification électronique permettra d'élaborer et de gérer les cartes d'identité électroniques. Pour sécuriser les transactions par internet, ce nouveau procédé devra assurer l'authentification, l'intégrité et la non-répudiation des données. Lors des débats, l'écrasante majorité des députés ont interpellé Mme Derdouri sur le retard accusé par l'Exécutif dans la présentation du projet, alors qu'auparavant deux lois liées aux règles générales relatives aux postes et télécommunications et à la cybercriminalité ont été promulguées, en 2000, pour la première, et en 2009, pour la seconde. «Pourquoi tant de retard ?», s'est interrogé un député du MSP, avant de se demander, sur un ton ironique, si cet ajournement n'est pas dû aux changements «systématiques» du gouvernement et évidemment de portefeuilles entre les ministres ! Irrité, le député Rachid Khan du Parti des travailleurs a critiqué le débit internet, en affirmant que la connexion fonctionne souvent «au rythme d'une tortue», alors que des moyens importants ont été mobilisés pour mieux l'exploiter. Le député a souligné l'absence de fibre optique dans certaines régions du pays, privant ainsi les consommateurs de ce service. De l'avis de Khan, mettre en œuvre le projet en question avant le règlement de cette question serait «mettre la charrue avant les bufs». Le député Slimane Sadaoui, du FLN, partage cet avis, il ne comprend pas «comment on ose parler d'un projet de développement des technologies, alors que le minimum n'existe pas chez nous, à savoir la base». A l'unanimité, les députés ont soutenu que le domaine des TIC «accuse un retard considérable et souffre de plusieurs carences», notamment concernant la couverture de l'ensemble du territoire national par le réseau internet. Dans ce sillage, les intervenants ont rappelé à la ministre une réalité amère concernant le mauvais classement de l'Algérie en matière d'internet à haut débit et de commerce électronique. Louiza Boudiba, députée RND, s'est élevée contre les pratiques de certains opérateurs. Cette élue de Bouira a dénoncé plus précisément l'arnaque des opérateurs et les problèmes de connexion. «Est-il normal de payer pour un service de la 3G et se retrouver avec une connexion de 2G ?», a-t-elle lancé sur un ton coléreux, en évoquant plus loin les blocages récurrents du réseau et les files interminables constatées au quotidien au niveau des bureaux de poste. Cette élue propose l'assainissement de la situation avant de parler du développement des transactions commerciales et économiques. Enfin, le député Eddaoui, du parti El Karama, s'est s'interrogé sur les retards enregistrés pour la mise en place du payement électronique. Dans ses réponses, Mme Derdouri s'est défendue sur la question du mauvais classement, arguant que les classements ne reflètent pas la réalité. «Vous savez tous que les classements sont parfois achetés, mais nous ne faisons pas cela», précise la ministre.