Le Forum des chefs d'entreprises (FCE) devrait élire aujourd'hui son nouveau président. L'assemblée générale élective qui devra réunir les membres du FCE à l'hôtel El Aurassi ne comprend en elle-même aucun enjeu, en raison de la candidature unique. La rencontre se soldera donc par le plébiscite à mains levées de Ali Haddad en tant que successeur de Réda Hamiani, qui a démissionné début septembre après 4 mandats successifs à la tête du FCE. Cependant l'élection revêt un caractère particulier dans la mesure où le profil du candidat à la succession diffère diamétralement de ses prédécesseurs. Tandis que l'organisation patronale a toujours porté à la présidence des patrons «à la taille moyenne», le FCE compte aujourd'hui officiellement sur l'apport d'un «poids lourd». L'objectif étant de faire aboutir le vieux projet, maintes fois contrarié, de faire du FCE la seule et unique organisation à même de représenter le patronat algérien. Et si les efforts entrepris par le passé ont porté sur la multiplication des partenariats à l'international et une tentative vaine d'unification du patronat sous la houlette du FCE, l'élection aujourd'hui de Ali Haddad devrait se traduire par un changement de style. Le fait est que les membres du FCE comptent sur les réseaux de leur futur président. Ils ne s'en cachent plus d'ailleurs et c'est un fait avéré. La campagne du candidat a d'ailleurs été marquée non seulement par le soutien des patrons, mais aussi de plusieurs ministres. Un attrait qui a d'ailleurs séduit divers chefs d'entreprise induisant non seulement de nouvelles adhésions au FCE, mais aussi la régularisation de la cinquantaine de cotisations impayées. Celles justement qui laissaient certains observateurs dire que le futur président du FCE héritera d'une organisation vidée de sa substance. Il n'en sera rien du moins en termes de nombre vu que l'organisation, qui a été créée avec une soixantaine d'adhésions en compte aujourd'hui 317. Reste à savoir si le FCE restera cette force de proposition et de défense des intérêts de l'entreprise qu'il se veut être. Normaliser les liens avec le gouvernement Le candidat a tracé une ligne de conduite pour faire du Forum le pôle représentatif du monde de l'entreprise. Et si le FCE a, par le passé, eu des rapport tantôt tiraillés et conflictuels et tantôt plus apaisés avec le gouvernement, Ali Haddad qui peut compter sur des soutiens au sein du pouvoir politique veut «organiser une connexion adroite et pertinente avec les pouvoirs publics». La messe est donc dite. La nouvelle ère qui s'annonce est celle de la formalisation et de la normalisation des rapports entre pouvoir politique et pouvoir économique. Une question reste cependant posée : le Forum est-il ou peut-il être le syndicat de toutes les entreprises ou bien n'est-il au final que le lobby de l'élite des patrons surtout si l'on se penche sur le poids réel de l'organisation patronale, qui compte dans son giron près de 700 entreprises et qui veut peser dans un environnement économique qui, lui, compte près d'un million d'entités économiques. Certes le FCE compte parmi ses membres de grosses pointures aussi bien dans le public que dans le privé, des opérateurs nationaux aussi bien qu'internationaux avec un chiffre d'affaires global de 15 milliards de dollars. Il consigne ainsi parmi ses membres des entités du secteur public à l'image d'Air Algérie, Cosider, Socothyd, Onab, SGH Aurassi, l'Inapi, l'Aniref et bien d'autres, de grosses entreprises du privé tels que le groupe Benamor, Général Emballage, Alliance Assurances, Ival, groupe Benhamadi, l'ETRHB pour ne citer que ceux-là, ainsi que des groupes internationaux comme SNC Lavalin Algérie. Pourtant, le fait que 90 % des entités composant l'environnement entrepreneurial algérien soit des PME et TPE, n'entrant forcément pas dans le giron du Forum, pose la question de la représentativité. Dans ce sens et au-delà de l'attrait naturel du pouvoir, le candidat à la succession de Réda Hamiani se penchera sur la réorganisation interne du FCE. Il est ainsi question de la refonte du système de cotisations fixées actuellement à 200 000 DA par an pour assurer une meilleure accessibilité et une plus grande ouverture aux entreprises et à de nouveaux membres.