Tous les acteurs du marché pétrolier dans le monde ont les yeux braqués sur la réunion que doivent tenir les 12 membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), aujourd'hui à Vienne, où les discussions porteront principalement sur l'attitude à adopter face à la baisse des cours de l'or noir. Alors qu'ils semblaient fermement installés depuis trois ans autour de 100 dollars le baril, les cours du brut ont plongé de manière quasi ininterrompue depuis la mi-juin sous l'effet conjoint de l'envolée de l'extraction du pétrole de schiste aux Etats-Unis et du ralentissement de la croissance mondiale. Le cours du baril de brent à Londres, principal baromètre du marché pétrolier, a ainsi chuté jusqu'à 77,92 dollars le 13 novembre dernier, soit une dégringolade de 32% en 5 mois. Pour freiner cette chute, les membres de l'OPEP doivent discuter de leur plafond collectif de production, figé depuis trois ans à 30 millions de barils par jour, soit près du tiers du pétrole brut extrait quotidiennement dans le monde. Certains prédisent que l'OPEP décidera une nette baisse de ses quotas de production pour soutenir les cours, mais d'autres envisagent une réduction limitée, voire nulle. Sur le terrain, les signaux reçus depuis lundi dernier ne sont pas aussi positifs qu'espérés. En effet, les discussions entre quatre pays producteurs de pétrole, en amont de la réunion d'aujourd'hui, n'ont donné lieu, mardi, à aucun accord sur une baisse de la production. A son arrivée à Vienne, le ministre saoudien du Pétrole, Ali Al Nouaïmi, n'a donné aucune indication concernant une éventuelle baisse du plafond de production du cartel. Il s'est contenté, dans une déclaration furtive à la presse, d'affirmer que «le marché finira bien par se stabiliser». C'est ce qui laisse penser, d'ailleurs, qu'il n'y aura pas de décision en faveur d'une réduction de la production, lors de la réunion de l'Opep. Cependant, certains analystes estiment que faute de s'entendre sur une telle mesure, l'Opep, dont la production effective dépasse nettement ce plafond, pourrait au moins s'engager à l'appliquer avec plus de discipline, expliquant que les «propos du ministre saoudien corroborent notre opinion selon laquelle l'Opep se contentera simplement de mieux respecter son plafond actuel». Pour sa part, l'Iran a appelé à répondre au sur-approvisionnement grandissant du marché pétrolier. «Tous les experts pensent qu'il y a une surabondance de l'offre sur le marché pétrolier, et l'an prochain il sera encore plus sur-approvisionné», a déclaré hier le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, à son arrivée dans la capitale autrichienne. Il a ajouté, en outre, que pour «pour gérer cette situation, nous devons avoir une contribution des pays producteurs hors-Opep», dont principalement la Russie. Classée parmi les trois premiers producteurs de pétrole au monde, avec les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite, la Russie a laissé entendre qu'elle n'hésiterait pas à opter pour une réduction de sa production de pétrole d'environ 15 millions de tonnes par an (300 000 barils par jour), dès 2015, si les pays de l'OPEP décident une réduction significative de leur production.