Le jeune (39 ans) président du Conseil des ministres, Matteo Renzi, était décontracté, hier, devant les journalistes, au côté de Abdelmalek Sellal, au Palais du gouvernement. Bien qu'affichant une élégance toute italienne dans son costume bleu nuit et sa chemise blanche, Matteo Renzi ne s'est pas moulé dans la posture d'un officiel de son rang. Pour la photo, il y avait manifestement une différence d'âge de taille. Au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui a pris la parole avant lui, il sert, naturellement, un sympathique mais néanmoins énigmatique : «Merci Monsieur le président !» Un quiproquo qui provoque des chuchotements amusés parmi les journalistes. Certains n'ont pas hésité à y voir un signe… Quoi qu'il en soit, Matteo Renzi nous apprend que sa visite en Algérie répond à une invitation du président de la République. Il en a d'ailleurs remercié le Premier ministre… Et lui a donné rendez-vous au premier semestre 2015, à Rome, à l'occasion de la réunion de la Haute commission mixte algéro-italienne. Le président du Conseil des ministres, décidément de très bonne humeur, a promis à Abdelmalek Sellal de lui servir une bonne pizza. «Mais je crois que la meilleure pizza n'est pas à Rome, mais à Naples», lance-t-il, provocant des rires dans la salle. M. Sellal, connu pour son sens de l'humour, a dû apprécier ces boutades appétissantes de son invité. Ceci pour le décor. Dans le fond, Matteo Renzi semble accorder une grande importance à la coopération avec l'Algérie. «Merci Monsieur le président !» «Depuis ma nomination voilà neuf mois, j'ai toujours œuvré et œuvre encore à renforcer la présence de l'Italie en Algérie, qui est un partenaire stratégique pour nous», a-t-il déclaré dans un français typiquement… italien. M. Renzi en veut pour preuve qu'«en trois mois, trois ministres de mon gouvernement sont déjà venus en Algérie, dont celui de l'Economie». Il a ainsi qualifié les relations entre les deux pays de «très importantes et stratégiques, fondées sur l'amitié et la coopération dans différents domaines, dont le commerce, l'énergie et l'industrie». Matteo Renzi n'a pas manqué de se féliciter du rachat, par le groupe privé algérien Cevital, des aciéries de Toscane, précisant que l'opération était bouclée et qu'il ne restait que quelques «détails administratifs». En Algérie, il affirme qu'il y a d'«importantes opportunités d'investissement dans le domaine du tourisme et le bâtiment». Avant lui, Abdelmalek Sellal a eu des propos particulièrement élogieux à l'égard de ses rapports avec l'Italie : «Je peux confirmer que les relations économiques algéro-italiennes sont très bonnes. L'Italie est pour l'Algérie un puissant partenaire, particulièrement dans le domaine de l'énergie. La coopération doit être forte et fondée sur l'intérêt des deux peuples.» M. Sellal a déclaré que de «grands projets» de coopération dans différents domaines, dont celui de la défense, «sont en cours d'élaboration». Cevital pour «huiler» la coopération Pour ce faire, le Premier ministre a annoncé des rencontres entre hommes d'affaires des deux pays. Des sources proches de la délégation italienne confient que Matteo Renzi a demandé personnellement à rencontrer Issad Rebrab, qui a racheté les aciéries de Toscane. Au plan politique et diplomatique, les deux pays semblent sur la même longueur d'onde, notamment au sujet de la Libye. «L'Algérie et l'Italie partagent les mêmes vision et analyse sur l'ensemble des questions d'actualité régionale et internationale, notamment en ce qui concerne la situation au Sahel et dans des pays frontaliers comme la Libye», souligne M. Sellal. «Nous sommes le seul pays occidental ayant maintenu son ambassade ouverte à Tripoli», s'enorgueillit Matteo Renzi, pour montrer son attachement au rétablissement de la paix dans son ancienne colonie. Et d'annoncer : «L'Italie est prête à apporter sa contribution à un projet international pour rétablir la paix et la sécurité en Libye, un pays qui vit une situation très difficile.» Affirmant que l'Italie partageait les «mêmes préoccupations» que l'Algérie au sujet de la situation qui prévaut en Libye, M. Renzi a estimé que les pays voisins et la communauté internationale «doivent fournir des efforts conjointement pour instaurer la paix entre les parties en conflit». Nuance de taille cependant à propos du passé et du passif d'El Gueddafi. Contrairement à Silvio Berlusconi et même à Bouteflika, le jeune président du Conseil des ministres italien ne s'encombre pas de formules convenues : «Le temps est venu pour gérer le présent en Libye et cesser d'évoquer ce passé, marqué par une dictature terrible.» Clair, net et précis.