La Chambre des représentants du peuple en Tunisie a élu le membre de Nidaa Tounes, Mohamed Ennaceur, pour sa présidence. L'islamiste Abdelfattah Mourou a été élu premier vice-président, alors que Faouzia Ben Fadha, de l'Union patriotique libre, a été sacrée deuxième vice-président. Les élections de la présidence de la Chambre des représentants du peuple en Tunisie n'ont pas apporté de surprise. En effet, Nidaa Tounes n'a pas accepté d'attribuer la présidence de la Chambre à l'islamiste Abdelfattah Mourou. Ce dernier s'est finalement résigné à postuler à la fonction de vice-président, qu'il a obtenue grâce aux voix de Nidaa Tounes. La candidate du Front populaire, Mbarka Brahmi, concurrente pour le même poste, n'a obtenu que 33 voix, alors que Mourou en a obtenu 157. Mohamed Ennaceur a, quant à lui, obtenu 174 voix lors de son accession à la présidence de la Chambre. Certains députés, indépendants ou du Front populaire, ont constitué le lot des 17 voix de différence. Plusieurs observateurs, locaux et internationaux, s'étaient attendus à ce qu'il y ait une transaction entre Nidaa Tounes et Ennahdha, consistant au fait que Nidaa Tounes lâche la présidence de l'Assemblée à Ennahdha, en contrepartie du soutien des islamistes à Béji Caïd Essebsi, lors du deuxième tour de l'élection présidentielle. Mais, ce «marché» n'a pas eu lieu. Nidaa Tounes a refusé de céder. «Le premier tour de l'élection présidentielle a montré que les structures d'Ennahdha ont soutenu la candidature de Marzouki malgré le fait que leur direction ait appelé à la neutralité. Donc, il est hors de question de donner aux islamistes plus que le poste de premier vice-président, auquel ils ont droit grâce à leur position de deuxième parti au Parlement», explique le porte-parole de Nidaa Tounes, Lazhar Akermi, refusant toute allégation de transaction. Pour Akermi, «l'attribution à Faouzia Ben Fedha du poste de deuxième vice-président a été décidée en raison de la troisième place de l'Union patriotique libre (UPL)». Laquelle logique a déplu à quelques membres du Front populaire qui y ont vu «les prémices de la formation d'une nouvelle troïka entre Nidaa Tounes, Ennahdha et l'UPL», comme cité sur leurs pages facebook. Toutefois, le député Watad, Mongi Rahoui, leader du Front populaire, a indiqué que «l'attribution à Abdelfattah Mourou du poste de premier vice-président ne peut nullement signifier une alliance entre Ennahdha et Nidaa Tounes». Place à la présidentielle L'élection à la présidence de la Chambre des représentants du peuple n'étant qu'une parenthèse. La classe politique est vite revenue au 2e tour de l'élection présidentielle, pratiquement confirmé par l'ISIE pour le 21 décembre, après l'appel interjeté par le camp de Marzouki contre les décisions du tribunal administratif, invalidant, en première instance, les recours du président-candidat. Tous les regards se dirigent vers les candidats du Front populaire, Hamma Hammami, de l'Union patriotique libre, Slim Riahi, et du Courant de l'amour, Hachemi Al Hamedi. Les observateurs sont unanimes pour dire que ces trois candidats ne vont pas soutenir Moncef Marzouki. Toutefois, vont-ils soutenir Béji Caïd Essebsi ? Pour ce qui est de Hamma Hammami, plusieurs franges, au sein du Front populaire, refusent de soutenir Caïd Essebsi, qui «leur rappelle l'ancien régime». «La position du Front populaire, lors des élections de la présidence du Parlement, traduit ce malaise», pense le politologue Slaheddine Jourchi. Quant à Slim Riahi, «l'UPL serait en train de négocier des portefeuilles dans le prochain gouvernement, dirigé par Nidaa Tounes, ou, soutenue par une alliance autour de Nidaa Tounes», selon des sphères proches de ce parti. Finalement, Hachemi Al Hamedi est rentré à Londres. Son parti, Le courant de l'amour, ne se presse pas pour s'exprimer sur ses alliances lors du deuxième tour. Béji Caïd Essebsi a les faveurs des pronostics. Mais Moncef Marzouki n'a pas dit son dernier mot.