- Pouvez-vous nous parler un peu de la cité Les Dunes ? Dans quelles circonstances a-t-elle été construite ? La cité Les Dunes a commencé à être construite en 1958. Elle faisait partie du Plan de Constantine. Elle était essentiellement habitée par des Européens. Dès la fin de l'année 1962, Ben Bella y avait fait loger, en partie, des locataires issus des bidonvilles situés sur les rives de l'oued (Oued El Harrach, ndlr). Mohammadia est un quartier où résident généralement beaucoup de cadres, de fonctionnaires, de professeurs. Abdelkader Hadjar a habité à la Cité Les Dunes. D'autres responsables sont passés par là aussi. Toujours est-il que Les Dunes, c'est le quartier populaire par excellence de notre commune. La cité compte 836 appartements en tout. Vous remarquerez que les deux bâtiments sont perpendiculaires à la baie, et cela pour éviter de les exposer à l'humidité marine. Il n'y a aucun appartement dans Les Dunes où vous trouverez la moindre trace d'humidité. Quand vous comparez avec les bâtiments d'aujourd'hui, ceux-ci n'ont pas tenu compte de ce facteur. - Concernant l'entretien de ces bâtiments, avez-vous bénéficié du programme de réhabilitation des anciens immeubles initié par la wilaya d'Alger ? Non, nous ne sommes pas inscrits dans ce programme. Nous, on prend essentiellement en charge le ramassage des ordures ménagères. Normalement, cela incombe à l'OPGI, mais ce dernier est complètement défaillant sur ce plan, je le dis très clairement. Parfois, on intervient jusqu'au 3e et, 4e étages pour nettoyer le vide-ordures. Il faut savoir que les déchets ménagers sont évacués par les vide-ordures de chaque appartement avant d'atterrir dans une cave. Il nous est arrivé de mobiliser jusqu'à quatre à cinq camions pour les vider alors que c'est le travail de l'OPGI et NetCom. Mais les EPIC, c'est une catastrophe. Tant qu'on suit cette politique, on ne va jamais s'en sortir. - Des habitants des Dunes ont engagé des travaux d'entretien et de réfection assez lourds pour embellir le quartier et rénover notamment les cages d'escalier. Ils nous ont affirmé qu'ils ont sollicité l'aide de l'APC pour effectuer ces travaux et que vos services ont refusé de les aider… On ne peut pas les aider, ce n'est pas aussi simple. On ne peut pas leur allouer un budget. Même s'ils étaient organisés en comité de quartier, la loi ne leur accorde pas de subvention. Ils ne peuvent pas ouvrir un compte, ils n'ont pas de statut juridique leur permettant de bénéficier de l'argent public. Quand c'est une association, on peut la soutenir financièrement, mais dans le cas d'un comité de quartier ou un collectif d'habitants, on ne peut pas. - Au-delà de cet aspect technique, quelle appréciation faites-vous de ce genre d'initiative ? C'est une bonne chose que les citoyens s'impliquent. Ce que j'en déduis, c'est qu'il y a une prise de conscience chez les citoyens. Il y a du répondant, il y a une volonté de coopération avec les élus qui ont engagé ce mandat. Je ne vous cache pas que j'ai toujours œuvré pour rompre avec la mentalité de l'assistanat, cette idée que l'Etat doit s'occuper de tout. Dès que je suis arrivé, j'ai revu à la baisse la liste des bénéficiaires du couffin du Ramadhan. Il y avait près de 2000 bénéficiaires, aujourd'hui ils sont 300. Le peuple a été «tué» par l'assistanat. Les gens sont devenus négatifs, ils ne positivent plus. J'ai relogé des gens et ils ont trouvé le moyen de me lancer : «b'la mezeytek, c'est nos sous, c'est l'argent du pétrole». - Combien de familles ont bénéficié de cette opération de relogement ? Il y a 203 familles (concernées par cette opération) et qui habitaient sur les rives de l'oued. Il y a également 29 familles qui vivaient sur le site qui accueille aujourd'hui le chantier de la Grande Mosquée d'Alger. Il n'y a pas un seul Etat au monde qui donne des logements gratuitement. Nous sommes peut-être les seuls. Le problème en Algérie n'est pas un problème d'argent ou de défaillance de l'Etat. Le problème est qu'il n'y a pas de suivi. Nous, on a fait beaucoup de réalisations, mais il n'y a pas de suivi. Après, c'est laissé à l'abandon. On va débourser 7,5 milliards de centimes pour aménager un parc de loisirs à Cinq-Maisons, sur une assiette abandonnée. Mais j'ai dit clairement que je ne pourrai pas gérer ce parc. La meilleure solution est d'en confier la gestion à une entreprise privée via un avis d'adjudication. On ne peut pas gérer ce genre de structures, qu'on le veuille ou non. On projette aussi d'aménager un stade de proximité dans l'enceinte située entre le bâtiment A et le bâtiment B (Les Dunes). C'est un projet estimé à 2,4 milliards de centimes. Cela va nous permettre d'occuper l'espace. C'est aussi une œuvre de salubrité publique dans la mesure où certains locataires jettent leurs ordures par les fenêtres, et en faisant cet aménagement, ça va les dissuader de jeter leurs sacs-poubelles. On n'arrivait plus à gérer ce problème. J'ai fait des courriers, des mises en garde, en vain. Mais quand ils vont voir leurs enfants jouer là-bas, automatiquement ils vont en prendre soin. - Votre commune est au carrefour de plusieurs sites importants : la Safex, le Hilton, La Marina, Ardis… à quoi s'ajoute le chantier de la Grande Mosquée d'Alger. Quel regard portez-vous sur ces transformations urbaines ? C'est quelque chose de positif. Dans notre pensée, on se dit qu'on doit aller de l'avant. On doit accepter les investisseurs intéressés par notre commune. Pas plus tard qu'aujourd'hui (mardi 11 novembre), j'ai donné un accord favorable pour la réalisation d'un grand centre commercial du côté de la plage Mazela, qui sera dans la continuité de la Marina. On a donné aussi l'accord pour la réalisation d'un grand hôtel. Je voudrais ajouter que nous sommes les premiers à installer un réseau de fibre optique. La fibre optique couvre désormais plusieurs sites, à l'instar de la cité Zerhouni, le Lido, les Pins Maritimes ou encore Tamaris. - Comment cette attractivité commerciale se traduit-elle sur le plan fiscal ? Nous avons un budget global de 110 milliards de centimes par an, incluant les recettes fiscales, pour une population de 64 000 habitants. Il faut souligner aussi que nous n'avons jamais rencontré de difficultés pour obtenir le financement d'un quelconque projet. - Y a-t-il un projet qui vous tient particulièrement à cœur ? Oui, c'est la réalisation d'une piscine. Je veux absolument une piscine pour ma commune. Nous avons localisé le terrain. C'est le meilleur moyen de lutter contre les allergies et les problèmes d'asthme qui touchent la majorité de nos enfants en raison de l'humidité marine. J'ai envie aussi d'aménager un coin lecture dans le périmètre de l'APC. On va mettre des bancs publics, et les gens pourront venir lire la presse gratuitement.