Les projets de sous-traitance conclus avec le constructeur français sont loin d'être conformes à ce qui a été annoncé lors de la signature du contrat, en 2012. L'objectif d'une intégration nationale de 42%, à l'horizon 2019, dans le processus de fabrication de la voiture Renault semble quelque peu surévalué à la lumière de ce qui a été réalisé jusqu'à présent dans ce domaine. Après une prospection qui a duré plus de deux ans en vue de la sélection des PME censées collaborer avec le constructeur français implanté à Oued Tlélat (Oran), seule Joktal, entreprise locale produisant des pièces en plastique, est opérationnelle. Cet infime concours permet à l'entreprise française et aux autorités algériennes de communiquer à profusion sur un taux d'intégration effectif de 17%. Les responsables de Renault Algérie indiquent, par ailleurs, qu'une joint-venture a été conclue avec l'entreprise turque Martur, spécialisée dans la fabrication de sièges automobiles, pour permettre d'équiper, dans les mois qui viennent, toutes les voitures produites à Oran de sièges entièrement fabriqués en Algérie. Selon le président du directoire de la SGP Equipements industriels et agricoles, Bachir Dehimi, cette seconde entreprise de sous-traitance permettra d'augmenter de 7% le taux d'intégration pour arriver à 24% en 2015. Un taux qui sera obtenu donc avec deux entreprises, alors que le programme de la chaîne de fabrication des voitures prévoyait, en principe, l'intégration de dizaines de PME pour concrétiser près de 50% de taux d'intégration dans deux ou trois ans. Si le projet du montage de la Symbol a été réalisé conformément aux délais prévus, il s'avère que les projets de sous-traitance conclus avec le constructeur français sont loin d'être conformes à ce qui a été annoncé lors de la conclusion du contrat en 2012. Des manquements En effet, la société mixte Renault Algérie Production (RAP), qui a bénéficié d'une assiette de 150 hectares, devait réserver 20 hectares au profit des PME sous-traitantes ainsi que des installations et des aménagements nécessaires à leur activité. Or, le constat est aujourd'hui plus que mitigé, car les sous-traitants annoncés manquent clairement à l'appel. En fait, sur la centaine d'entreprises qui se sont manifestées il y a deux ans en vue d'une présélection pour la sous-traitance, seules quelques-unes avaient été sélectionnées. Sur celles-ci, aucune n'est opérationnelle pour l'instant, si on exclut les deux sociétés de plastique et de siéges citées plus haut. Selon la SGP Equipag, «les PME sous-traitantes doivent passer par une étape d'apprentissage et de mise à niveau». Ce qui laisse entendre que cette période de mise à niveau risque de retarder les perspectives d'intégration annoncées à moyen terme. Bachir Dehimi soulignait, il y a quelques semaines, que pour en atteindre, à l'avenir, un niveau plus important, des actions ont été engagées pour prendre en charge la fabrication de la coque, une des pièces les plus importantes de la voiture, précisant toutefois que cela nécessite «un lourd investissement». Selon le même responsable, le processus est «très compliqué» et c'est pour cela que les fabricants de l'automobile «ne cèdent jamais le volet montage à la sous-traitance». Des explications qui confirment le pessimisme exprimé par certains experts économiques quant à la possibilité de réaliser, dans les délais prévus, le taux d'intégration attendu et le transfert technologique à terme vers les PME algériennes, tel que souhaité par les autorités algériennes. Il est à savoir, selon un état des lieux du ministère de l'Industrie et des Mines, que sur une centaine de sous-traitants locaux identifiés en 2013, une quarantaine ont reçu la visite des techniciens en charge de les évaluer et seulement quatre ont prouvé «un potentiel avéré avec quelques mises à niveau de leurs outils». Des contacts établis Les entreprises présélectionnées sont spécialisées dans le plastique, Joktal — déjà opérationnelle — ; les batteries, l'EPE Enpec ; les lignes d'échappement, Soneras et les vitrages, EPE Africaver. Des contacts ont été, par ailleurs, pris avec des partenaires étrangers dont les sociétés roumaines Rombat et Cortubi, ainsi que l'allemand Leoni pour les câblages. Pour l'instant aucune avancée n'est signalée sur ces trois projets, hormis le contrat conclu pour la fabrication de siéges avec le turque Martur. Face à ce constat, le ministre de l'Industrie promet désormais «des mesures incitatives et des facilités aux investisseurs dans le domaine de la sous-traitance liée à l'industrie automobile et mécanique». Des contacts ont été établis, apprend-on, avec la Fédération française des industries des équipements pour véhicules, (Fiev), qui a déjà effectué une mission en 2013 à Alger, Oran et Sidi Bel Abbès pour étudier la possibilité de partenariats dans la sous-traitance. Pour finaliser d'éventuels projets de partenariat, 18 projets dans le domaine de la sous-traitance automobile et mécanique ont été recensés, sous forme de joint-venture 51/49% dans le cadre du partenariat industriel et commercial. Il s'agit notamment de production de pièces et composants dans les différents métiers de l'automobile, tels les pièces en plastique ; les faisceaux électriques ; les vitrages ; l'habillage intérieur ; les batteries ; les pièces en caoutchouc ; les câbles pour commandes mécaniques ; les radiateurs ; les mécanismes de portes ; les amortisseurs et les pièces de tôlerie et à moyen terme, la fabrication de disques, étriers et plaquettes de freins ; les systèmes d'éclairage et les composants électroniques.