Joktal est le premier équipementier de Renault Production Algérie. La grande marque au losange a fait confiance au savoir-faire de ce pionnier qui équipe la Symbol en pièces d'injection plastique. Abdellatif Taleb est un homme discret mais pugnace. Depuis 1968, ce fils d'industriel a multiplié les succès. Son secret : dès son plus jeune âge, il est baigné dans la petite industrie. Son père, fabricant notamment de cocottes minutes, lui a rapidement donné le goût du travail bien fait. En 2000, il crée Joktal qu'il propulse, 14 ans après, au rang d'icône de la sous-traitance mécanique made in Algeria. El Watan a rencontré ce general manager dans son usine d'injection plastique située à Oued Tlelat, à quelques encablures de la nouvelle usine Renault Algérie Production. Sur le site industriel, qui s'étale sur 3,5 ha, entre ateliers et un vaste terrain nu, une grande enseigne indique Joktal. La marque est née avec une «participation conjointe» entre l'entreprise familiale Taleb et un géant de l'emballage plastique, l'allemand Jokey (qui détient 51% du capital). Joktal, est l'un des 14 sites répartis à travers 11 pays du groupe Jokey. Une multinationale qui pèse 420 millions d'euros de chiffre d'affaires et qui compte 1700 salariés. De 7 salariés en 2000, Joktal compte aujourd'hui 150 employés. L'entreprise n'a eu aucun mal à être qualifiée pour fournir le site de Oued Tlélat en trois pièces d'injection plastique. Mais qu'est-ce qui a inspiré cette entreprise à verser dans l'équipement automobile ? «Le groupe Jokey a déjà une longue expérience dans la sous-traitance avec Volkswagen et Audi. Nous avons été sollicités pour fournir la Symbol en 3 pièces plastiques (deux guides d'air latéraux et un autre central) car nos produits sont d'une qualité irréprochable», affirme M. Taleb. Mais le carnet de commande est loin d'être étoffé. «Nous ne consacrons que 5 jours par an pour satisfaire cette commande. C'est certes très peu, mais nous honorons cet engagement de sous-traitance pour aider notre pays à développer une industrie automobile», affirme ce manager qui préfère plutôt se focaliser sur le long terme. Des pistes de travail «Les négociations sont en cours pour la fourniture de 31 autres pièces en plastique», confie-t-il. En attendant, l'entreprise Taleb a conclu une joint-venture avec Martur, un grand fabriquant de sièges automobiles en Turquie. «La toute nouvelle coentreprise dénommée Martal, qui compte employer 62 salariés, fabriquera les sièges pour fournir, dès octobre 2015, l'usine Renault», indique M. Taleb. Un investissement de 3 millions d'euros a été consenti en 2014 et le plan de développement prévoit d'avantage d'investissements pour concrétiser des projets en série. «Nous sommes en train de négocier avec un troisième partenaire pour créer une entreprise de fabrication de grosses pièces en plastique, tels les tableaux de bord et les pare-chocs. Un projet qui nécessite près de 5 millions d'euros. Renault Algérie a donné son accord», révèle cet opérateur, qui cherche constamment de nouvelles opportunités. Selon lui, l'usine de la société de fabrication des véhicules Mercedes Benz de Tiaret réalisée en partenariat avec l'allemand Daimler, est intéressée pour la fourniture en sièges. «Renault-Nissan Egypte est aussi intéressée par nos produits», énumère-t-il encore. L'entreprise importe du polypropylène d'Arabie Saoudite et d'Europe pour le transformer en plastique. «Nous ne payons aucun droit de douanes. Il n'y a aucune taxe et ni barrière à l'entrée qui affectent(concernent) la matière première que nous importons», dit-il. Joktal a rodé ses processus industrialisés. Avec un niveau de technicité très élevé, les ventes ont explosé, en Algérie comme à l'étranger (en France et en Allemagne). Pourtant cet exportateur se plaint de l'environnement précaire prévalant dans la zone d'activité de Oued Tlélat. Il lance un cri d'alarme : «Les coupures d'électricité sont fréquentes. La promesse de viabiliser ce site industriel ne sont pas tenues. Nous lançons un appel pour que les autorités nous encouragent(soutiennent).»