Rien ne va à l'Institut de l'enseignement des langues et cultures d'origine, ELCO, dont tamazight, rattaché à l'ambassade d'Algérie à Paris. Censé dispenser des cours de langue maternelle aux enfants mais aussi aux adultes issus de l'immigration, ce service est tout simplement abandonné. En France, contrairement à l'enseignement de la langue arabe qui, elle, bénéficie de moyens pédagogiques et humains importants depuis 1981, tamazight ne semble pas avoir les mêmes faveurs des fonctionnaires algériens à l'étranger, ni des autorités algériennes. El Watan a pourtant tiré, il y a quelques mois, la sonnette d'alarme quant au sort réservé à une langue reconnue nationale par la Constitution algérienne en 2002, dans le sillage de la création du Haut-Commissariat à l'amazighité, en 1995. Pourtant, dans un communiqué distribué à la presse, dont El Watan a reçu une copie, Mohamed Amatoui, professeur d'enseignement de tamazight à l'ELCO de Paris dénonce : «L'ELCO, c'est 450 professeurs d'arabe et 15 malheureux professeurs de tamazight, alors que les Berbérophones représentent 70% de la population algérienne en France. Ce sont en plus des contrats illicites au vu de la loi française et des versements de salaires sans paiement des charges sociales pour l'Etat français.» Les enseignants de tamazight en France se plaignent de leurs conditions de travail. Ils ont maintes fois réclamé la normalisation de leur situation administrative et financière, en vain. Pire que cela, «l'Etat algérien a décidé d'arrêter les cours de tamazight dispensés au sein du Centre culturel algérien». Il a aussi «fermé des salles qui accueillaient des cours ou des ateliers pédagogiques et tenté de licencier des enseignants de tamazight qui avaient réclamé leurs droits auprès des tribunaux français». Autant de «menaces et de stratagèmes qui ont une seule visée, celle de fragiliser encore plus l'enseignement de la langue amazighe» et ceux qui sont chargés de l'enseigner. Enfin, les enseignants rappellent que les autorités algériennes, en France ou en Algérie, «continuent d'ignorer les textes officiels qui donnent droit aux Algériens d'apprendre tamazight», et les accusent de devenir ainsi «les fossoyeurs de cette langue ancestrale».