Les faits et les déclarations des militaires israéliens indiquent que les attaques de cet été étaient «une punition collective infligée aux habitants de Ghaza». L'armée israélienne a commis des crimes de guerre au cours de son agression sauvage, cet été, contre Ghaza, et une enquête doit être menée, a estimé hier Amnesty International. La démolition de quatre bâtiments de plusieurs étages, au cours des quatre derniers jours de l'opération, constitue une violation du droit international humanitaire, a affirmé l'ONG de protection des droits de l'homme qui, par le passé, a été plutôt complaisante à l'égard d'Israël. «Tous les éléments dont nous disposons démontrent que ces destructions à grande échelle ont été menées de façon délibérée et sans justification militaire», a déclaré Philip Luther, directeur d'Amnesty International pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Les faits et les déclarations des militaires israéliens à l'époque indiquent que les attaques étaient «une punition collective infligée aux habitants de Ghaza» destinée à détruire leurs biens, a précisé M. Luther. La guerre a fait près de 2200 morts Palestiniens, en très grande majorité des civils. Côté israélien, 67 soldats et six civils ont été tués. «Les crimes de guerre doivent être examinés de manière indépendante et impartiale et les responsables devraient être jugés dans le cadre d'un procès équitable», a-t-il dit. Amnesty International a demandé à ce que des groupes de défense des droits de l'homme aient le droit d'entrer à Ghaza, ainsi qu'à ce qu'une commission des Nations unies (ONU) soit autorisée à «enquêter sans entraves». Tel-Aviv a refusé de coopérer avec cette commission d'enquête sous prétexte d'une «hostilité obsessionnelle contre Israël», d'après un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères. L'armée israélienne a ouvert une série d'enquêtes criminelles internes sur de possibles bavures commises par ses soldats lors de la guerre dans la bande de Ghaza, notamment sur le bombardement d'une école de l'ONU, servant de refuge aux Ghazaouis, (15 morts) et d'une plage, qui a coûté la vie à quatre enfants. Mais, comme d'habitude, cela n'a débouché sur rien. Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a, pour sa part, créé une commission chargée d'enquêter sur «toutes les violations de la loi humanitaire internationale» dans les Territoires palestiniens, en particulier à Ghaza occupée pendant la guerre. Les résultats de toutes ces enquêtes se font toujours attendre. Mais le constat n'étonne pas. Le gouvernement d'Israël bénéficie encore à ce jour d'une impunité scandaleuse, alors que depuis des années il bafoue le droit international, rejette les résolutions de l'ONU et ne respecte pas la Convention de Genève. Il n'y a qu'à voir ce qu'est devenu le rapport Goldstone pour s'en convaincre. Goldstone a accusé Israël de crimes de guerre et lui a demandé de présenter sa défense. En même temps, le rapport a été adressé au Conseil des droits de l'homme à Genève, qui l'avait initialement commandé. Ce conseil, par une majorité très nette, l'a approuvé et envoyé pour examen à l'Assemblée générale, à New York. Mais au sein de ce même conseil, les Européens se sont abstenus, et les Etats-Unis se sont opposés à son examen. Or, tout le monde sait qu'un rapport ne devient contraignant que s'il est approuvé par le Conseil de sécurité. Pourtant, l'opération «Plomb Durci», de décembre 2008 à janvier 2009, a été une succession de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Pas de doute, Israël est soutenu de manière obsessionnelle.