Le manque d'eau dans la wilaya de Ghardaïa constitue un handicap sérieux au bien-être des citoyens et au développement industriel et agricole malgré les potentialités que renferme la région, alors que son urbanisation se poursuit à un rythme accéléré d'où des besoins supplémentaires dépassant parfois les capacités mobilisées en eau. Ce premier constat s'ajoute aux difficultés de gestion des installations hydrauliques, aux effets de la sécheresse, aux différentes formes de gaspillage et autres. Les fuites sont évaluées entre 60 et 70% du volume distribué. Toute une organisation devait impérativement être mise en place à Ghardaïa en vue d'améliorer la distribution d'eau potable. Celle-ci doit obéir à une vision régionale dépassant par-là la conception locale ou territoriale de wilaya et permettra même de définir la faisabilité de tout investissement futur. La gestion rationnelle du réseau d'AEP, la tarification « en tenant compte de la position géographique de la wilaya », toute une opération à poursuivre par la collectivité qui aura toute latitude de la gérer comme il se doit. L'Etat devient ainsi, après avoir déterminé et réuni tous les instruments juridiques, le véritable arbitre, mais sans pour autant se désengager de sa mission, celle de garantir aux citoyens une alimentation en eau potable. Ce qui n'est forcément pas le cas de Ghardaïa, car cette wilaya ne tire pas l'essentiel de ses approvisionnements à partir de ses ressources hydriques qui sont de 501 369 m3/jour, issues des 316 forages éparpillés à travers les localités. Malgré la disponibilité de ce précieux liquide de l'ordre de 1,42m3/jour/citoyen, l'Etablissement public de gestion des eaux de Ghardaïa (EPEG) ne contrôle que les deux tiers de l'eau mobilisée. C'est-à-dire, une présence seulement dans les centres urbains où certaines traditions de paiement existent encore — certains citoyens payent à la place des autres, faute de compteurs chez certains usagés et le payement par forfait dans certaines daïras telles que Zelfana, Mansourah et Hassi Lefhel. Cette entreprise rencontre donc d'énormes difficultés pour recouvrer ses créances dans la majorité des communes. Il semble même qu'elle aurait abandonné les encaissements au niveau de certaines localités. Dans une situation financière pratiquement difficile, cet établissement n'arrive pas à faire face aux difficultés de gestion, accentuées par le manque d'équipements, ainsi qu'à ses obligations de distribution et d'entretien du réseau d'AEP, tel le quartier Baba Saâd, situé au chef-lieu de wilaya, qui se trouve privé d'eau depuis plusieurs jours, et ce, en pleine période de canicule. En attendant l'acquisition de nouveaux matériels, la réfection de certains tronçons défectueux et la réalisation du projet d'adduction à partir de quelques forages supplémentaires programmés, le constat a amené le ministère des Ressources en eau de concert avec la wilaya à dégager ou à initier un certain nombre d'actions dans le cadre d'un programme d'urgence en vue justement d'améliorer les procédures de la gestion des eaux, de réduire le déficit et de lutter surtout contre le gaspillage grâce à un dispositif mis en place. Le premier axe principal de ce programme consiste en la substitution de l'entreprise EPEG par deux organismes : l'Agence des eaux (ADE) et l'Office national d'assainissement (ONA). Une solution à vrai dire tant attendue. La deuxième opération concerne le renouvellement au chef-lieu de wilaya d'une bonne partie du réseau d'alimentation en eau potable. Il serait étalé sur plus de 50 km. La priorité sera accordée aux tronçons les plus défectueux pour permettre justement l'approvisionnement des quartiers les plus défavorisés par la distribution. A cela s'ajoutera la pose de matériels adéquats pour la régularisation du débit. La troisième opération envisagée consisterait au remplacement systématique à travers toute la wilaya de tous les compteurs « absents » ou défectueux. En attendant, la solution de rechange à titre provisoire, suggérée par les citoyens des quartiers privés en eau, serait leur approvisionnement en camions-citernes. Quoi qu'il en soit, ces mesures permettront sans nul doute de mieux maîtriser la situation de la gestion des eaux et faire face au phénomène du gaspillage. Le constat établi aurait désormais amené les nouvelles structures gestionnaires concernées de penser à passer un contrat pour la fourniture d'un matériel complet qui permettra d'assurer un contrôle rigoureux en certains points du réseau d'approvisionnement. Le comptage sera établi sur la production de l'eau en transitant par le stock jusqu'à la distribution. Tout doit être contrôlé et comptabilisé. Un tel procédé permettra certainement une maîtrise réelle de la situation.