La croissance de la demande devrait se raffermir en 2015, par rapport à 2014, mais cette accélération semble désormais plus modeste qu'anticipé précédemment, au vu du rythme de plus en plus hésitant de la reprise économique mondiale», a expliqué l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans son rapport mensuel publié hier. Ainsi, la chute continue des prix du pétrole, sous l'effet d'une offre surabondante, ne devrait pas stimuler la demande mondiale sur l'or noir en raison d'une croissance économique hésitante, prédit l'AIE. Selon elle, la consommation de pétrole devrait croître de 900 000 barils par jour en 2015, pour atteindre 93,3 millions de barils par jour (mbj), contre une anticipation précédente de 93,6 mbj. Pour 2014, elle a maintenu sa prévision à 92,4 mbj. Jeudi passé, le brut a fini sous le seuil psychologique de 60 dollars le baril, pour la première fois depuis la mi-juillet 2009 à New York. Le baril de brent pour livraison en janvier, coté à Londres, a également atteint un niveau plancher en plus de 5 ans, à 63,68 dollars. L'AIE souligne qu'à la timide croissance économique, s'ajoutent «la faible progression des salaires dans les pays développés, la suppression des subventions publiques aux produits pétroliers dans certains pays et le renchérissement du dollar, qui rend plus chers leurs achats en devise locale, mais aussi des mesures d'efficacité énergétiques déployées en période de pétrole cher». En outre, «l'impact négatif de la dégringolade des prix du pétrole sur les économies des pays exportateurs devrait contrebalancer, sinon dépasser, l'effet stimulant qu'elle pourrait avoir pour les pays importateurs d'or noir, dans un contexte de croissance économique et d'inflation faibles», estime encore l'Agence. Et de préciser que la Russie est particulièrement touchée : «La baisse de ses revenus pétroliers, amplifiée par la chute du rouble, affecte les finances du pays et, par ricochet, la consommation.» La prévision de demande de brut dans ce pays, frappé aussi par des sanctions occidentales, a été abaissée par l'AIE de 195 000 barils par jour, à 3,4 mbj en 2015. En résumé, «l'adaptation de la demande et de l'offre à cette chute des prix pourrait bien prendre un certain temps», a indiqué l'AIE. Mercredi passé, l'OPEP avait abaissé, elle aussi, ses prévisions de la demande mondiale pour cette année et la suivante. Quant à la production, celle-ci reste «soutenue aux Etats-Unis comme dans les pays de l'OPEP», malgré un repli en novembre par rapport au mois précédent, ajoute encore l'AIE, qui précise qu'au total, «94,1 mbj ont été produits le mois dernier, soit 340 000 barils de moins que le mois précédent, principalement en raison de perturbations en Libye qui ont affecté la production de l'OPEP, qui pompe environ un tiers du pétrole mondial». Lors de sa dernière réunion, faut-il rappeler, l'OPEP avait décidé de maintenir son plafond de production à 30 mbj, selon la volonté de l'Arabie Saoudite qui désirait préserver ses parts de marché, malgré l'insistance de certains sur la nécessité de réduire l'offre pour peser à la hausse sur les cours. Sur les marchés, l'offre pétrolière a augmenté de 2,1 mbj, provoquant une pression sur les cours qui, vraisemblablement, devra persister à court et moyen termes. Selon le bureau de recherche AlphaValue, les cours du pétrole pourraient dégringoler jusqu'à 50 dollars le baril, début 2015, «en raison d'une production outre-Atlantique continuant de battre des records semaine après semaine». La banque allemande, Commerzbank, s'attend, quant à elle, à ce que les prix remontent à 80 dollars «après une première moitié d'année en dents de scie».