Si le budget prévu pour l'année prochaine est déjà ficelé dans le cadre de la loi de finances pour 2015, il reste à définir les montants globaux jusqu'en 2019. Le cadrage financier du plan quinquennal 2015-2019, doté d'une enveloppe globale de 262 milliards de dollars, sera au menu de la réunion du gouvernement qui se tiendra mercredi prochain sous la présidence du Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Le ministre des Finances, Mohamed Djellab, doit présenter à cette occasion une note sur les dotations des différents secteurs à la lumière des besoins exprimés par les ministres le 17 juillet 2014, lors d'un précédent Conseil de gouvernement, en vue de la concrétisation des différents projets programmés pour les cinq années à venir. Si le budget prévu pour l'année prochaine est déjà ficelé dans le cadre de la loi de finances 2015, il reste à définir les montants globaux jusqu'en 2019. La réunion du gouvernement précède le prochain Conseil des ministres consacré à l'adoption du plan quinquennal 2015-2019 qui doit se tenir avant la fin de l'année sous la présidence de Abdelaziz Bouteflika, avant la signature officielle de la loi de finances 2015. Il reste à savoir comment le gouvernement, confronté à la baisse brutale des prix du prix du pétrole qui a perdu plus de 40% de sa valeur en quelques semaines, va pouvoir faire face aux dépenses prévues pour le renforcement des infrastructures et la relance de l'investissement, notamment dans l'industrie. En annonçant le montant alloué au prochain plan quinquennal, le Premier ministre, qui s'exprimait en marge de la tenue de la tripartite, en septembre 2014, avait refusé de se laisser démonter par ce qu'il a qualifié de «projections pessimistes» venant des détracteurs du gouvernement. «Nous avons établi trois hypothèses et nous avons choisi la plus optimiste, mais c'est un choix qui a été fait sur des bases réalistes (…) nous ne dirigeons pas vers des horizons inconnus», avait-il répondu aux «partisans de la critique destructive» qui, selon lui, sèment une «ambiance de pessimisme» sur l'avenir de l'Algérie en fustigeant toutes les actions économiques du gouvernement. M. Sellal avait réitéré la même appréciation lors du discours qu'il a prononcé à l'ouverture de la conférence sur le développement économique et social, organisée en novembre dernier, en refusant le «pessimisme» de ses adversaires. Il a également estimé que le plan d'investissement, élaboré sur la base de prévisions solides, devrait porter la croissance économique de l'Algérie à 7% en 2019. Recettes en baisse Le moins que l'on puisse dire, cependant, c'est que le temps n'aura pas donné raison au Premier ministre, dont le gouvernement se retrouve aujourd'hui confronté à une chute drastique des recettes d'exportation d'hydrocarbures. Il est vrai que dans l'immédiat, l'Exécutif peut puiser dans les réserves pour financer les projets prévus, mais cela ne risque-t-il pas d'aggraver la vulnérabilité du pays, relevée d'ailleurs par le Fonds monétaire international (FMI) dans sa note de projection consacrée à l'Algérie, rendue publique vendredi ? Il est déjà évident que l'Algérie ne pourra pas engranger, cette année, les 60 milliards dollars de recettes sur lesquels tablait le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, il y a quelques semaines, en vue du maintien de l'équilibre du budget de l'Etat. Et la situation risque de devenir intenable si les cours du pétrole s'installent durablement en dessous d'un seuil acceptable pour l'Algérie. Youcef Yousfi évoque d'ores et déjà la possibilité de l'élaboration d'une loi de finances complémentaire pour 2015 au cas où les prix continuent sur une tendance baissière. Selon les prévisions du FMI, les recettes d'hydrocarbures de l'Algérie s'établiront à 58,8 milliards de dollars en 2014 et à 49,8 milliards de dollars en 2015 ; ce qui n'augure pas, si la projection se confirme, de bonnes perspectives économiques pour le pays. Dan0s ces conditions, le gouvernement maintiendra-t-il le cap concernant le plan quinquennal ? Cela reste tout à fait plausible au vu de la stratégie de l'optimisme affichée par les membres du gouvernement, malgré la baisse des cours du pétrole. Sonatrach a annoncé d'ores et déjà qu'elle maintiendrait inchangé son plan d'investissement de 90 milliards de dollars pour les cinq ans à venir. Le gouvernement devrait en faire de même.