Alors que l'élection présidentielle se dirige progressivement vers la consécration du candidat favori, Béji Caïd Essebsi, c'est la composition du prochain gouvernement qui fait polémique. Tunis De notre correspondant La polémique créée autour du soutien de certains partis à la candidature de Béji Caïd Essebsi trouve son origine dans leur désir d'apposer leur empreinte sur le prochain gouvernement. Ainsi, le Front populaire conditionne son soutien à BCE par l'éloignement d'Ennahdha du prochain gouvernement. Slim Riahi ne voit, par contre, les islamistes que dans le camp soutenant Béji, alors que l'on commence à cafouiller du côté d'Ennahdha, où plusieurs voix demandent à Ghannouchi la reddition des comptes. Le leader des islamistes essaie par tous les moyens de ne pas perdre contact avec Nidaa Tounes afin d'associer Ennahdha au pouvoir, d'une manière ou d'une autre. Ghannouchi est convaincu, semble-t-il, que le positionnement de son parti dans l'opposition ne saurait qu'accélérer l'arrivée du congrès de tous les bilans de son mouvement, celui des vingt années d'exil et des trois années de pouvoir, avec un risque évident d'implosion. Il suffit, par ailleurs, de lire la lettre du dirigeant nahdhaoui, Hédi Brik, publiée sur sa page facebook, appelant à un congrès-bilan, pour comprendre le niveau des dissensions au sein de ce mouvement. Donc, alors que le verdict de la présidentielle n'a pas été encore prononcé, c'est plutôt la prochaine gouvernance de la Tunisie qui retient l'attention. Et c'est normal, eu égard au rôle attribué par la Constitution au gouvernement dans le pouvoir exécutif. Une majorité à géométrie variable Les avis sont partagés concernant la composition de la majorité pour gouverner. Un premier avis dit que Nidaa Tounes dispose déjà du soutien de 120 députés à l'Assemblée des représentants du peuple, sans l'appui du Front populaire et d'Ennahdha, et que le candidat Béji Caïd Essebsi à la présidence du gouvernement peut se suffire à cette majorité pour gouverner. Un deuxième avis considère que la situation de crise, traversée par la Tunisie, impose du doigté dans la gouvernance pour éviter les secousses politiques.Et, à ce titre, il est impératif d'assurer un large consensus autour du prochain gouvernement afin qu'il bénéficie du soutien de la communauté internationale, sans lequel la sortie de la crise ne saurait être envisagée. Une telle approche signifie qu'Ennahdha accorde son appui à ladite équipe, quitte à ce que le gouvernement soit formé de compétences nationales. La Tunisie aborde donc le deuxième tour des présidentielles alors que cette question pertinente de la coalition gouvernementale n'a pas été encore résolue. Ce sera le premier défi posé à Béji Caïd Essebsi, actuel président de Nidaa Tounes et candidat favori à la présidence de la Tunisie.