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Du pragmatisme du coiffeur au scientisme du chirurgien
VIH-Sida, il y a déjà vingt ans…
Publié dans El Watan le 10 - 08 - 2006

Le premier cas de sida était « introduit » en 1985 dans notre pays. Depuis lors, beaucoup de choses ont évolué. Les moyens de dépistage aussi bien techniques que réglementaires et de prévention ne pouvaient constituer qu'une infime partie de la parade opposée à ce spectre de la fin du XXe siècle.
L'arrêté ministériel portant obligation de tester le sang destiné au don prémunissait les receveurs aussi bien du VIH que des germes d'autres maladies, telles que les hépatites et la syphilis. Dix ans plus tard, était créée l'Agence nationale du sang qui venait à point nommé. Cette structure a participé pour une grande part à discipliner cette activité, menée jusqu'alors par des contingences de tout ordre. La prise en charge thérapeutique par les antirétroviraux, en dépit de son poids financier, place notre pays à l'avant-garde des pays arabes et africains. En ce qui concerne la prise en charge psychosociale des séropositifs, des malades et de certains praticiens médicaux et paramédicaux, beaucoup de chemin reste à faire. Qu'on en juge. Le premier cas « importé » ne venait pas du Sahel sub-saharien comme on est tenté de le penser, mais de l'Est de l'Europe. Il s'agissait d'un technicien qui était en formation en République démocratique allemande (RDA). Originaire d'une ville de l'intérieur du pays, il devait y être inhumé après son décès. Les instructions officielles du département de la santé recommandaient l'escorte de la dépouille mortelle, de l'aéroport vers la morgue de l'hôpital, jusqu'au moment de l'inhumation nocturne. La fosse devait être assez profonde et tapissée de chlorure de chaux. On disait à l'époque que la cause du décès était due à une tuberculose, cela pour éluder l'existence du syndrome d'immunodéficience acquise ou sida. La France, quant à elle, vivait l'affaire du sang contaminé. On méconnaissait globalement les modes de transmission ou du moins manquait-on de vigilance. Si à l'époque c'était pardonnable, çà ne l'est plus maintenant ! Il est, par ailleurs, inadmissible qu'un professionnel de la santé, praticien médical ou autre se cache derrière sa méconnaissance des moyens éprouvés de lutte contre le virus. Le coiffeur de Tamanrasset l'a compris depuis fort longtemps, il immerge pendant quelques minutes ses instruments dans une solution fortement chlorée. On lui a expliqué que le virus du sida est très fragile et qu'il ne résiste pas aux désinfectants usuels. Le simplisme de ce coiffeur participe pour une grande part à la rupture de la chaîne de transmission. Il est plus exposé à la contamination que le gynécologue obstétricien ou le chirurgien. Mais il ne refuse jamais de coiffer ses clients. Les professeurs A. Amrane et A. Dif, chefs de service à El Kettar, affirment qu'aucune contamination de leur personnel n'a eu lieu dans leurs services et ce malgré le nombre de malades qui y sont traités. Ils se rappellent même des premières frayeurs sommes toutes légitimes, des personnels qui n'osaient même pas approcher les malades. Mais cela fait partie désormais des souvenirs burlesques qui font aujourd'hui sourire. Certains de nos chirurgiens et obstétriciens refusent toute assistance aux personnes vivant avec le VIH. Intellectuellement honnêtes, ces personnes déclinent leur séropositivité. Elles sont mal payées en retour, on les prive de soins qui leur sont constitutionnellement et déontologiquement reconnus. On peut citer à titre illustratif ce malade abandonné dans le « boyau » d'un scanographe ou cette jeune parturiente qui a fait le tour des maternités d'Alger pour qu'accepte enfin, un gynéco-obstrétricien de la césariser. Le cas de ce chirurgien est plus déprimant, quand il ne déchiffre pas l'idiogramme HIV et pousse l'outrecuidance en demandant des explications à ses interlocuteurs, venus le solliciter pour un geste chirurgical. Le séropositif est doublement pénalisé par son état biologique dont il n'est souvent pas responsable et par le comportement irresponsable frisant l'inconscience, que lui opposent des membres du corps médical. Corps médical censé lui apporter aide et réconfort. Ce peut-il que ce comportement n'ait pas changé depuis vingt ans ? C'est le cas de le penser ! Un an après le premier décès par sida et dans la même ville de l'arrière pays, un événement à la limite anodin démontrait déjà toute la problématique de l'illettrisme scientifique de certains corps professionnels de la santé. Cette ignorance touchait à l'évidence les deux rives de la Méditerranée. Il s'agissait d'un descendant d'émigrés algériens de statut français renvoyé par la préfecture de police vers le pays de ces aïeux, pour motif de séropositivité. Après sa remise par les services de la sûreté nationale, le médecin et l'infirmier de psychiatrie le « coffraient » dans une cellule réservée aux agités en état de démence. Mis fortuitement au courant de cette mésaventure, je demandais à l'infirmier d'ouvrir la lourde porte de la geôle ; dans un geste pusillanime celui-ci s'interposait pour me « protéger de la bête immonde ». Je me devais de vaincre la terreur de l'agent paramédical en faisant montre d'un courage, où il n'y avait aucun danger au bout. Assis près du « détenu » à qui j'offrais une cigarette, j'apprenais par sa propre bouche sa pathétique cabale. Il disait n'avoir aucune attache dans « ce bled perdu ». Son seul tort était d'être séropositif. L'accueil dans le pays de ses ancêtres n'a, d'ailleurs, été ni plus chaleureux ni moins inhumain. Il n'avait pas mangé ni bu, depuis 48 longues heures. Une sentence atavique ne dit-elle pas : « L'ignorant se fait plus de mal par son ignorance que ne l'exercerait son propre ennemi sur lui. » Ou en est-on maintenant ? On en est à la stigmatisation des séropositifs par les parents, l'employeur, l'entourage. Tout l'environnement humain leur est hostile. L'hépatite B est sexuellement transmissible ; mais demeure socialement admise. Où résiderait la différence ? Elle résiderait dans l'hypocrisie des tabous. Si l'acte sexuel en dehors du mariage est accepté comme une « prouesse chevaleresque », il est par contre « honni » quand il en résulte une naissance illégitime ou une Infection sexuellement transmissible (IST). Quel est le tort de ce bébé séropositif né cette semaine ? N'avons-nous point de démons pour hanter nos consciences ? Ne sommes nous pas devenus les fossoyeurs de nos propres lendemains ? Le doigt accusateur du malade et du séropositif est dirigé sur chacun des membres de cette société qui se moque de ses tares.
L'auteur est Coordinateur principal du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme


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