La loi de finances pour 2015 devrait apporter de nouvelles mesures en matière d'encouragement à la promotion de la recherche, développement avec un axe particulier, celui de l'innovation. L'objectif serait de primer les entreprises innovantes du secteur industriel, y compris dans le financement de leur projet avec la prise en charge des intérêts bancaires par le Trésor public. Une telle mesure contemple le financement bancaire ; il existe pourtant d'autres sources de financement, telles les participations de fonds d'investissement mais également des sources non explorées. L'une d'elles est celle des investisseurs dits providentiels, que les Anglo-Saxons désignent par «Business Angels». Le concept vient des Etats-Unis où les «Business Angels» interviennent dans la dynamique entrepreneuriale et émargent à de grands nombres de feuilles de route de jeunes entreprises, mais également à leur bulletin de succès. Il s'agit d'une activité non réglementée L'investissement du «Business Angel» est plutôt soutenu par les bonnes pratiques car à la base, au-delà du financement de projet, l'investisseur providentiel va surtout apporter son savoir-faire tiré de son expérience de cadre ou de chef d'entreprise, mais également son réseau de relations. Ce type d'investissement n'est pas réglementé, puisqu'il relève plutôt du droit privé et de la volonté des parties avec une appréciation personnalisée du risque pris, où l'investisseur prend sa décision d'investissement après avoir fait sa propre évaluation. La prise de risque réside dans le fait que les sommes investies ne sont ni des prêts, ni des placements, mais tout simplement une prise de participation au capital de la société porteuse du projet. L'investisseur n'a pas vocation à être majoritaire au capital ; bien au contraire, selon les incitations fiscales en place, il a plutôt intérêt à diversifier ses investissements avec pour principal objectif de gagner des revenus futurs de sources variées, pour les projets qui tournent à la profitabilité ou des plus-values en cas de cession des parts ou actions. Tout en restant minoritaires au capital de l'entreprise, ces investisseurs participent activement à la vie de l'entreprise et à la prise de décision, en aidant à la mise en place de procédures dans le choix et le suivi d'investissement de projets et de conduite vers le marché. Le plus souvent, l'entreprise choisie par l'investisseur est une société innovante et ce n'est pas une coïncidence que le vivier de la Silicon Valley ait concentré une grande partie de ces investissements. Le modèle est depuis emprunté dans de nombreux pays et a fédéré ce type d'investisseurs qui se sont regroupés en associations structurantes tant sur la démarche que sur l'éthique. En tant qu'alternative à un premier financement bancaire pour amorcer un projet, ils n'en sont pas moins contradictoires car l'entreprise innovante peut plus facilement accéder par la suite à des emprunts bancaires pour un développement plus lourd. Il ne peut y avoir de «Business Angels» sans réseau associatif Si l'on se réfère aux pratiques internationales, les réseaux de «Business Angels» ont apporté une alternative de premier financement de projet, de manière structurée, car le modèle repose sur l'idée que l'investisseur n'est pas un simple apporteur de capital comme le serait un membre de la famille ou un ami du promoteur de projet, mais une véritable association de compétences basées sur du vécu et de la réussite d'entreprises. De la sélection de projet jusqu'à la mutualisation, dans certains cas, la coordination associative a le mérite de permettre la coordination avec des co-investisseurs, comme les fonds d'investissement. Elle a également, pour valeur ajoutée, la centralisation du recensement des projets, la synergie de moyens lors de l'étude de projets et l'échange d'avis, pré et post-investissement. Le réseau associatif peut également aider à spécialiser l'orientation de l'investissement vers un secteur d'activité économique donné, mais également au niveau régional, ce qui peut en faire un bras de support à l'orientation de l'investissement d'un Etat. Par ailleurs, la structuration sous forme d'association permet de réguler et de superviser l'activité tout en développant les instruments de mesure des politiques mises en place. Une bourse d'échange peut, par exemple, fédérer ces associations d'investisseurs et aider à recenser toutes les informations relatives à l'amorçage d'affaires. Un modèle possible en Algérie Sans verser dans l'effet de mode, il peut être intéressant d'encourager la constitution de telles associations, dont les promoteurs de divers horizons, tels que les jeunes entrepreneurs ayant conduit un succès d'entreprise et les leaders d'industrie constituant le patronat, peuvent apporter leur expérience et leurs réseaux de relations d'affaires. Les retraités constituent également un vivier de compétences à exploiter. L'avantage de l'observation de la pratique dans d'autres pays permettrait de tirer l'enseignement des bonnes pratiques et d'éviter les pièges. Ainsi, si l'investissement a été dans certains pays une niche fiscale pour la réduction de l'impôt sur le revenu, il conviendrait de s'interroger si l'incitation fiscale ne doit pas être plutôt renforcée vers les entreprises innovantes comme, par exemple, l'accroissement d'avantages lorsque la recherche et le développement conduisent à des brevets enregistrés, matérialisant une véritable innovation scientifique ou technologique. Il faudrait toutefois éviter à ce que l'objectif soit dévié et que la motivation ne soit que purement fiscale, car l'enjeu n'est pas dans le nombre d'investisseurs, mais plutôt dans celui des projets et de leur qualité. La qualité des projets doit être structurante pour l'économie avec une vision claire de ce que doit représenter l'innovation pour l'économie algérienne pour ne pas verser, par exemple, sur le tout-web ou le tout-numérique, alors que des besoins plus intégrés, plus à nos portes peuvent permettre la réappropriation de tant de métiers perdus.