L'association de protection et orientation du consommateur, et son environnement (APOCE) va organiser le 20 décembre prochain ,une action sans achats. Le but c'est de sensibiliser les consommateurs de leur pouvoir à réguler les prix et d'intervenir en tant qu'acteur sur le marché et non plus comme victime des fluctuations qui souvent accablent les ménages aux faibles revenus. Mustapha Zebdi président de l'APOCE a bien voulu répondre à quatre questions d'El Watan.com sur cette journée du 20 décembre sans achat. Pourquoi avoir décidé d'une journée sans achat ? C'est une journée symbolique qui a pour but avant tout de sensibiliser le consommateur algérien de son pouvoir d'agir. Il est temps d'alerter tous les organismes impliqués dans le marché pour stabiliser les prix. C'est une forme de protestation pacifique. Le boycott est notre seule voie. Tout de même la courgette a atteint les 240 da, la viande blanche 400 da, les œufs de 12 à 13 da et ce au grand bonheur des spéculateurs qui font la loi sur le marché. Mustapha Zebdi ,président de l'APOCE
Les fluctuations des prix c'est presque constant, c'est tout au long de l'année que les prix ne sont pas stables… Tout à fait d'accord avec vous pour certains produits oui. Prenons par exemple, la pomme de terre, produit de première nécessité, ses prix n'ont jamais cessé de fluctuer depuis l'été dernier. C'est du jamais vu. Pour les autres produits les fluctuations durent entre deux à trois semaines… D'après les statistiques du ministère de l'agriculture la production de la pomme de terre n'a pas baissé. Et si les prix de la pomme de terre restent toujours aussi élevés donc y a un problème. Ce sont des gens qui, sur le marché saisissent des occasions pour spéculer. Donc notre journée c'est une forme de dénonciation de ces pratiques. En tant que consommateur, on a notre mot à dire.
Une autre affiche de L'APOCE pour appler au boycott
Quelle est justement la part de responsabilité du consommateur dans l'instabilité des prix ? Le consommateur algérien achète sans compter, à certaines périodes, il achète pour stocker. Ainsi, il encourage le spéculateur et fait le bonheur de la mafia qui est en train de gérer le marché. Justement, les citoyens algériens ne doivent pas sous-estimer leur capacité à changer les choses. Je vous donne un exemple, la pomme de terre congelé a toujours été commercialisée par les circuits informels et son prix est fixé à 100 da, vous vous rendez compte ! Toujours, concernant la pomme de terre, le pauvre paysan, fellah il la vend à 20,25 da…et le consommateur adhère à une logique qui l'accable souvent sans se rendre compte qu'il peut changer les choses. Le consommateur algérien doit développer le réflexe du boycott, cette culture citoyenne qui a pour but d'agir efficacement pour faire plier les spéculateurs. Le citoyen algérien peut à travers ces réflexes là intervenir comme régulateur principal des prix. Par exemple, au cas où vous l'aurez remarqué les prix des services n'ont jamais été aussi élevés. Une consultation médicale entre 1000 et 1500 da en contre partie la sécurité sociale ne rembourse que 50 à 80 da, le dernier service d'un avocat est à 30 000 da…Et l'algérien se plaint certes mais ne s'implique pas trop. Rares sont ceux qui sont réellement prêts à agir. Mais pour cette action du 20 décembre, nous sommes vraiment optimistes.
Vous évoquez les services, est-ce que vous entendez par là que votre association va aussi organiser une journée pour boycotter les services ? Bien évidemment. Nous procédons par palier. Là c'est l'agroalimentaire car de première nécessité. Petit à petit nous allons vers les services car il est inadmissible que la sécurité sociale ne rembourse qu'une partie très infime de nos soins par exemple, que nous payons très cher.
Quelques repères : L'APOCE a déjà organisé en : 2012-Campagne pour le boycott des viandes rouges. Selon les statistiques des grossistes 20 à 30 % de la baisse du chiffre d'affaires grace à cette action. Les statistiques ont été fournis par les grossistes des viandes rouges. 2013-Une première campagne pour boycotter les bananes qui avaient atteint les 300 da. -Une deuxième pour boycotter les oeufs qui avaient atteint les 12 da.