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Le « clou de Biskra » s'invite au Nord
Les victimes de la Leishmaniose se comptent par dizaines de milliers
Publié dans El Watan le 10 - 08 - 2006

550 km au sud-est d'Alger, se dressent les portes du Sahara et les oasis des Zibans. La température frôle les 40° depuis le mois de mai déjà.
Les rues de la ville de Biskra ne désemplissent guère pour une population habituée au climat chaud et néanmoins de plus en plus humide à cause du remplissage du nouveau barrage de Loutaya (13 millions de mètres cubes) et du lac qui cerne une partie de la ville des environs de Tolga à Bordj Roz. Les ouvriers du service d'hygiène de la commune s'activent en ce début de matinée. Ils ont été le fer de lance de l'opération de lutte contre la leishmaniose décidée par l'Etat durant la période allant du 15 avril au 15 mai. A la fin du mois d'avril et à l'occasion de cette campagne, plusieurs ministres, dont ceux de la Santé et de l'Agriculture, ont effectué une visite pour superviser l'opération. C'est ici que les frères Edmond et Etienne Sergent de l'Institut Pasteur d'Alger vont étudier entre 1901-1904 les phlébotomes, célèbres sous le nom de « mouches des dattes », soupçonnés de transmettre « le bouton des dattes » (hab ntaâ tmar) ou le clou de Biskra, appelé aussi clou de Laghouat, de Ouargla, de Touggourt, du M'zab, des Zibans ou de Tébessa. En 1921, et en collaboration avec Coll, ils apportent la preuve définitive de la transmission de la leishmaniose par les phlébotomes. Un siècle après, la leishmaniose sévit sévèrement à Biskra et avance vers le Nord. Ses victimes se comptent par dizaines de milliers et se multiplient chaque année. En 2005, l'Algérie a enregistré 30 227 cas contre 16 828 pour l'année précédente. De quoi mettre le gouvernement en état d'alerte, car il s'agit bien d'un problème national de santé publique. Les plus pessimistes parmi les spécialistes craignent, le plus dans cette migration, le fait qu'elle s'installe dans sa forme la plus dangereuse : la leishmaniose viscérale. La leishmaniose, ou plutôt les leishmanioses sont des maladies parasitaires transmissibles. Il s'agit d'une maladie bénigne dont la gravité est liée au préjudice esthétique et aux surinfections. Elles existent sous deux formes principales, cutanée et viscérale. A elle seule, la leishmaniose cutanée totalise environ 1,5 million de cas dans le monde. Ce sont les pays en voie de développement qui en souffrent le plus. L'OMS en a répertorié 72 sur les 88 touchés. En Algérie, les deux types de leishmaniose sont en activité grâce à la chaîne des vecteurs, des réservoirs et des parasites. En plus des causes anthropiques et naturelles de cette résurgence, l'absence d'hygiène et la dégradation du cadre de vie font le lit de la maladie.
À l'origine du mal
Selon la littérature empruntée dans la campagne de sensibilisation, la leishmaniose cutanée est une zoonose parasitaire, causée par un protozoaire du genre leishmania. Ces parasites, accueillis par des mammifères (réservoir), notamment les rongeurs sauvages et les chiens, sont transmis à l'homme par la piqûre d'un insecte vecteur : le phlébotome femelle. L'hôpital de Biskra est fréquemment sollicité par des victimes avec un pic durant la période allant de décembre à janvier. « En vérité, explique le docteur Chenouf du bureau d'hygiène, les attaques des moucherons se multiplient vers septembre mais le mal ne se révèle généralement que quelques mois après. » En effet, la transmission est à son maximum durant cette période (septembre-octobre) d'où la plupart des cas de leishmaniose apparaissent pendant l'hiver (1 à 3 mois d'incubation). Avec plus de 8000 cas enregistrés en 2005, la commune de Biskra a détrôné Batna qui souffre, elle aussi, de la leishmaniose, notamment dans des foyers comme Barika située aux frontières des deux wilayas. Selon les spécialistes de l'Institut Pasteur d'Alger, ce sont, en effet, ces régions situées dans les Hauts-Plateaux, plus précisément sur la ligne du Chott, qui ont le plus souffert de la migration vers le nord de cette épidémie qui évolue depuis vingt années. Une extension liée à différents facteurs favorisant l'apparition et la persistance de la maladie comme les variations climatiques, la nature du sol et la végétation, le mode d'urbanisation, le mouvement des populations, ainsi que le développement du parasite. L'insalubrité et la prolifération des décharges à ciel ouvert à l'intérieur des quartiers, sur les berges des oueds et en périphérie de la ville contribuent aussi au développement des insectes vecteurs et de leur biotope. Une fois piquée, la victime est définitivement immunisée contre « le clou ». Mais la population biskrie ne semble pas encore prendre conscience de l'ampleur de la maladie et son avancée épidémique malgré le travail de sensibilisation et l'implication d'un nombre d'associations locales dans l'action d'information de proximité. La culture traditionnelle permet, cependant, une certaine connaissance du mal et une expérience dans le traitement à lui réserver. Okba, un jeune que nous avons rencontré, accepte de nous montrer la cicatrice sur son dos laissée par la piqûre d'un moucheron, datant de huit mois. Comme la majorité des Biskris, Okba a préféré s'épargner les frais du traitement médical, qui, affirme-t-il, donne les mêmes résultats que la méthode traditionnelle. Sa méthode à lui, c'est le miel d'abeille « le meilleur antiseptique », selon ses mots, qu'il a appliqué sur l'endroit de la piqûre à plusieurs reprises. La tache brunâtre est d'un diamètre de deux centimètres environ. Les moins chanceux sont piqués par contre au visage. En effet, les lésions sont le plus souvent ulcéro-croûteuses siégeant dans les zones découvertes du corps et guérissent mal en laissant une cicatrice indélébile.
Prévenir-guérir : combien ça coûte ?
Plus de 3200 maisons ont subi des traitements chimiques intérieurement et extérieurement par aspersion d'insecticides en plus du traitement physique qui consiste en l'obturation des fissures des murs et l'élimination des ordures autour des maisons des Biskris. La périphérie de la ville est davantage touchée à cause d'un cadre de vie de, loin, moins entretenu. Ces traitements qui forment la lutte antivectorielle visent à rompre la chaîne de transmission en agissant sur le vecteur ou sur sa biotope. Plusieurs wilayas ont lancé de pareilles campagnes afin de limiter le nombre de cas à la moitié de celui enregistré en 2005, comme prévu dans l'objectif stratégique tracé pour cette année. Selon les chiffres du gouvernement, les services chargés de l'opération ont traité 163 000 hectares sur les 200 000 infectés par les rongeurs à travers 24 wilayas du pays. Quant au moucheron vecteur de la maladie, la campagne a touché quelque 1600 sites. Sur le terrain, les deux campagnes (mai et septembre) restent insuffisantes, selon un responsable du service d'hygiène communal de Biskra, d'autant qu'elles visent uniquement le vecteur de la maladie. Le réservoir reste à l'abri du traitement, sous l'œil vigilant des services agricoles, pour éviter ainsi de nuire au biotope. De leur côté, les techniciens de la santé, appelés à encadrer les ouvriers de la commune, se plaignent du manque d'entrain de ces derniers et leur ignorance des gestes utiles et de la conduite à tenir sur le terrain. C'est certainement dans ce sens que l'Etat a initié une série de séminaires d'information et de formation destinés aux cadres et aux techniciens, à l'image de celui qui a eu lieu à Biskra, pour la maîtrise de l'opération de lutte. Cette stratégie de lutte ainsi que le traitement clinique de la maladie mobilisent des fonds très importants et coûtent cher au gouvernement. Une étude réalisée à l'hôpital de Batna a démontré que le coût du traitement d'un seul cas de leishmaniose cutanée revient à 21 000 DA alors que le coût total de l'opération de lutte antivectorielle a été estimé à plus de 12,5 millions de dinars. Même si l'Etat semble donner de l'importance au phénomène et passe à l'élaboration et la mise en œuvre d'une stratégie de lutte contre le fléau, la réaction sur terrain n'est encore qu'à son stade de balbutiement. Des formations ont été organisées au profit du personnel destiné aux opérations, mais le programme dans sa globalité est mis en stand-by par manque de moyens financiers. Il est vrai qu'au niveau local, plusieurs services proches du terrain sont impliqués, à l'image du service d'hygiène communal, les services agricoles, le laboratoire d'hygiène et le SEMEP (service d'épidémiologie dépendant de l'hôpital). Mais la coordination entre les secteurs de la santé, de l'agriculture et de l'environnement dans la lutte contre ce parasite fait malheureusement défaut. Deux raisons qui risquent de tenir en échec la volonté gouvernementale et révéler d'ici une année des chiffres encore plus inquiétants.


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