Pétition, indignation et soutien. Personnalités publiques, partis politiques et citoyens dénoncent unanimement l'appel au meurtre lancé par l'imam salafiste Abdelfattah Hamadache contre le journaliste et écrivain Kamel Daoud. Des partis politiques et des organisations de défense des droits de l'homme ont apporté leur soutien à l'écrivain. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), «exprime son entière solidarité à Kamel Daoud et à toute l'élite intellectuelle et tient pour responsables les autorités contre toute atteinte à l'intégrité morale et physique d'un des membres de la corporation journalistique qui a payé un lourd tribut».Il considère que «le précédent est extrêmement grave et confirme la démission de l'Etat et de sa justice, incapables d'assurer la défense des citoyens contre les extrémismes et les injustices». L'ancien président du RCD, Saïd Sadi, qui indique que «le combat de Kamel Daoud nous concerne tous», a affiché sur sa page facebook que sa «solidarité à son endroit est à la fois un devoir envers un compatriote qui n'a jamais baissé la garde ni cédé à la démagogie ambiante et un engagement pour notre pays menacé par des dirigeants qui ont décidé de rejouer la scène morbide du chantage au péril intégriste pour préserver leur intérêts». Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, a exprimé, sur son compte Twitter, son «soutien à Kamel Daoud après l'outrage de la fatwa qu'il vient de subir».Le mouvement Barakat a dénoncé de son côté cette «menace» contre une plume libre. «L'oligarchie aux affaires ne semble vouloir reculer devant aucune compromission ni trahison pour sauvegarder ses intérêts. Cet appel en est la preuve que le peuple Algérien est laissé à l'abandon», écrit le mouvement sur sa page facebook. Dépôt de plainte La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) exprime «ses préoccupations face à la montée de l'intolérance. Elle se solidarise avec Kamel Daoud et condamne toute violence sous quelle que forme qu'elle soit» et «réaffirme le droit a l'expression pour tout citoyen et rappelle l'obligation de l'Etat à assurer la sécurité et la protection des citoyens et leurs biens». Sur facebook, des journalistes et militants des droits de l'homme ont lancé une pétition appelant les autorités à traduire devant la justice l'auteur de la fatwa. La pétition, signée par des milliers de personnes, appelle les ministres de la Justice et de l'Intérieur à «enclencher des poursuites contre ces appels au meurtre qui nous rappellent les pires moments de l'Algérie face au GIA». «Nous condamnons avec force les appels au meurtre public de Abdelfettah Hamadache, autoproclamé chef salafiste algérien», souligne le texte. Les éditions Barzakh, qui éditent Kamel Daoud en Algérie, ont annoncé le dépôt d'une plainte devant un tribunal pour «incitation au meurtre». «C'est d'une gravité sans nom. Nous sommes totalement solidaire avec lui», écrit l'éditeur, qui demande «si la justice et l'état de droit existent encore en Algérie ou si la violence – morale, bientôt physique – est devenue la norme». Contacté, le journaliste a confirmé le dépôt d'une plainte auprès du tribunal d'Alger. Il se dit «serein» malgré la gravité de la situation. Côté officiel, aucune institution ne s'est encore prononcée sur le sujet. Et nos tentatives de joindre le ministère de la Justice ont été vaines. Ce large mouvement d'indignation n'a pas mis fin aux agissements de Abdelfattah Hamadache qui a poursuivi, hier encore, ses menaces à travers les chaînes de télévision et sites d'information. Il dit «assumer» ses propos et poursuit ses attaques contre l'écrivain.