Il a beau s'en défendre, le ministre de l'Intérieur français est avant tout diplomate. Pour sa première visite en Algérie, Bernard Cazeneuve a pris soin d'éviter toute polémique, louant la «chaleur» et «l'hospitalité» de ses hôtes. Esquivant donc les questions épineuses. L'assassinat des moines de Tibhirine ? «Je vous renvoie vers la déclaration du Premier ministre français Manuel Valls.» Les difficultés éprouvées par les journalistes et militants des droits de l'homme pour venir en Algérie ? Evacuées par une réponse vague renvoyant aux questions plus larges de libre circulation. Le processus de paix malien ? Les négociations libyennes ? «Cela a été abordé de façon globale, mais il ne vous a pas échappé que je suis ministre de l'Intérieur et que cela relève de la Défense et des Affaires étrangères.» Soit. Sur ses sujets, Bernard Cazeneuve s'est montré plus bavard, rendant hommage aux forces de sécurité algériennes. «La France est très reconnaissante pour la mobilisation au lendemain de la mort d'Hervé Gourdel», a déclaré le ministre. La lutte contre le narcotrafic, l'une des sources de financement du terrorisme, sera l'un des axes de coopération privilégié entre les deux pays. Sur le volet enseignement, Bernard Cazeneuve a évoqué des liens renforcés entre les écoles nationales d'administration française et algérienne, ainsi que la formation d'imams imprégnés de «l'esprit de Cordoue» pour éviter les «mensonges et manipulations de certains acteurs terroristes». «Leurs actes barbares et abjects n'ont rien à voir avec la religion musulmane», a rappelé le responsable français, qui venait tout juste de déjeuner avec les ministres algériens de l'Intérieur et des Affaires religieuses. Déplacement à thème, donc, puisque Bernard Cazeneuve a poursuivi sa visite en se rendant à la basilique de Santa Cruz à Oran. Avant de se recueillir sur la sépulture de son arrière-grand-père, enterré là-bas.