Que vient chercher Mahmoud Abbas à Alger la semaine prochaine ? Un soutien, déjà acquis, pour l'offensive diplomatique palestinienne actuelle et un appui aux efforts de réunification des factions. Le président de l'Etat de Palestine, Mahmoud Abbas, se rendra en Algérie, mardi 23 décembre prochain, où il devra rencontrer le président Abdelaziz Bouteflika sur invitation de ce dernier. Une conférence de presse avec les journalistes est même prévue par les services de la présidence de la République. Cette visite à Alger s'inscrit dans un contexte où la question de la reconnaissance de l'Etat palestinien s'impose de plus en plus au niveau international et alors que les Palestiniens ont déclenché une importante campagne diplomatique. Le plus récent acte de cette campagne s'est déroulé le mercredi 17 décembre : les Palestiniens ont présenté au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution suggérant d'aboutir à un accord de paix avec l'Etat hébreu d'ici un an. Le texte affirme «l'urgence de parvenir à une paix globale, juste et durable», et évoque la solution de la coexistence pacifique de «deux Etats indépendants, démocratiques et prospères». Si le texte connaît des difficultés pour être adopté, les responsables palestiniens sont clairs : ils adhéreront sans délai à la Cour pénale internationale. Reconnaissance La réaction israélienne ne s'est pas faite attendre : le ministre israélien des Affaires stratégiques, Yuval Steinitz, a immédiatement dénoncé «un acte de guerre». Israël redoute l'internationalisation des pourparlers avec les Palestiniens et s'inquiète également des reconnaissances, mêmes symboliques, de l'Etat palestinien par des Parlements européens. L'Etat hébreu s'inquiète également des pressions des pays occidentaux qui le pressent pour reprendre au plus vite les négociations avec les Palestiniens. Et c'est donc dans ce contexte qu'intervient la visite d'Abou Mazen à Alger, cherchant un appui du pays le plus actif dans son soutien à la cause palestinienne. L'ancien ambassadeur et ex-ministre délégué à la communauté nationale à l'étranger, Halim Benatallah, estime que les discussions d'Alger auront pour but, notamment, de «donner un plus à la teneur de la résolution palestinienne au niveau du Conseil de sécurité». Mais aussi, Abou Mazen cherche le soutien de l'Algérie dans ses efforts de réunification des rangs palestiniens : «Grâce aux bonnes relations qu'elle entretient sur les plans arabe et international, l'Algérie est en mesure de contribuer fortement à l'unification des rangs arabes, une démarche qu'elle tend à réaliser en Palestine», écrit l'agence Palestine News Network. Courtoisie «Alger ne traite officiellement qu'avec l'Etat palestinien représenté par l'Autorité palestinienne et Mahmoud Abbas, explique un diplomate. Avant novembre 1988 et l'instauration d'un Etat palestinien à Alger, nous avions des relations avec toutes les factions, mais ensuite le principe de l'Algérie était de traiter avec l'Etat, mais nous gardons aussi de très bonnes relations avec toutes les factions.» Pour le journaliste Youcef Al Helou de Ghaza, «l'Algérie reste très importante pour les responsables, mais aussi pour la population palestinienne, vu que c'est à Alger qu'a été proclamé l'Etat palestinien en 1988». «Ceci est vrai, mais il ne s'agit que d'une visite de courtoisie, en réponse au statut qu'a Alger pour les responsables palestiniens, nuance un expert du Moyen-Orient. Alger a aujourd'hui moins de moyens diplomatiques à déployer pour un rôle de premier ordre sur la scène arabe et internationale». «L'autre atout de l'Algérie est qu'elle est le seul grand pays arabe à ne jamais avoir exploité les divisions entre les factions palestiniennes», rappelle un diplomate. Par contre, pour l'ancien diplomate Abdelaziz Rahabi, cette visite a des relents de rattrapage pour le Président algérien : «Abdelaziz Bouteflika a boycotté le président palestinien pendant 8 ans, il ne l'a même pas reçu dans sa dernière visite en 2010, car Bouteflika est toujours gêné face à une diplomatie qui s'est faite en son absence (proclamation de l'Etat de Palestine à Alger)».