L'appel au meurtre lancé par l'imam salafiste Hamadache contre le journaliste et écrivain Kamel Daoud «ne doit pas rester impuni». C'est ce que souhaite le café littéraire de Béjaïa dans une déclaration rendue publique. Il appelle à la mobilisation : «La société civile, les partis, les intellectuels et les artistes doivent se mobiliser avec force, constance, unitairement surtout, pour que ce fanatique moyenâgeux et barbare, bénéficiant tout comme ses acolytes des largesses du pouvoir, soit traduit en justice comme un malfrat.» Le café littéraire, qui a déjà reçu Kamel Daoud, estime que les autorités ne bougeront pas le petit doigt sans une «pression forte (…) car elles aussi ont grand intérêt à ce qu'une voix comme celle de Kamel Daoud, auréolée d'une aura internationale suite à son obtention récente de plusieurs prix littéraires prestigieux, soit rapidement réduite au silence.» Le pouvoir est accusé d'avoir «toujours utilisé des fanatiques religieux parmi les plus extrémistes pour s'attaquer aux intellectuels qui lui sont ouvertement hostiles». Au-delà de l'objectif de la condamnation demandée, la mobilisation est souhaitée aussi pour «démystifier la stratégie de salafisation de la société menée inlassablement par le courant intégriste, sous l'œil complaisant du pouvoir, lui-même utilisant l'islam comme instrument politique pour exercer un contrôle social sur les citoyens». Ce énième impair islamiste appelle l'urgence, estime le café littéraire, d'«instaurer un débat public national sur la place de la religion dans la société, sur la liberté de conscience, la diversité religieuse, le respect de l'autonomie de la conscience individuelle, l'égalité en droit et en devoir entre l'homme et la femme, afin que ces principes fondateurs de toute société moderne soient assimilés par nos concitoyens à leur juste signification». Les rédacteurs du document incriminent l'école algérienne, dont ils demandent «une réforme totale de l'enseignement de la religion» qu'ils considèrent avoir été «transformée en terreau de l'intolérance religieuse, du rejet de l'autre, de la négation du droit à la différence, de la raison critique, du libre arbitre…».Le café littéraire ne veut pas que l'on «banalise cet appel au meurtre» que la LADDH a appelé, de son côté, à dénoncer publiquement à l'occasion d'un rassemblement prévu mercredi prochain à 11h sur la place Saïd Mekbel.