Un complot terroriste international visant à faire exploser en vol plusieurs avions de ligne entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis a été déjoué in extremis, jeudi, par la police britannique. Une série d'attentas qui, si elle avait eu lieu, aurait été comparable à celle du 11 septembre 2001, estime le secrétaire américain à la Sécurité intérieure, Paul Chertoff. Les auteurs présumés de ce complot à grande échelle étaient à « environ deux jours d'un test, et à quelques jours de passer à l'acte », avait-il encore précisé. Selon M. Chertoff, les criminels présumés avaient opté pour des explosifs liquides. Depuis jeudi, à l'aube, le Royaume-Uni s'est immédiatement placé en état d'alerte maximale, adoptant des mesures de sécurité exceptionnelles qui ont provoqué le chaos dans tous les aéroports du pays et dans le ciel européen. « Nous avons perturbé un plan terroriste qui visait à commettre un assassinat de masse », a estimé le chef-adjoint de la police britannique, Paul Stephenson. Le complot avait « une dimension mondiale » et impliquait « un grand nombre de personnes » tant en Grande-Bretagne qu'à l'étranger, a précisé le chef de l'unité antiterroriste de la police, Peter Clarke. Une source britannique évoquait des attentats « dans deux jours » contre des appareils des compagnies américaines. L'ombre d'El Qaîda Le coup de filet de Scotland Yard a débouché, dans la nuit de mercredi à jeudi, sur l'arrestation de 24 terroristes présumés, tous des Britanniques musulmans d'origine pakistanaise, alors que deux Britanniques sont arrêtés au Pakistan. D'autres personnes soupçonnées, dont le chef de file, sont activement recherchées par la police britannique. L'enquête pourrait mener à Al Qaîda, a suggéré M. Chertoff depuis Washington. Selon des experts, seul le réseau Al Qaîda dispose de l'ambition et des moyens de mener un projet aussi spectaculaire, d'autant plus que les attaques contre des transports publics et des avions constituent la signature d'El Qaîda. Le président américain, W. Bush, a décrit ce plan terroriste comme « le parfait rappel que les Etats-Unis sont en guerre contre les fascistes islamiques ». La Grande-Bretagne a été placée, pour la première fois, au niveau d'alerte « critique » qui avertit d'une « attaque terroriste imminente ». Le renforcement des mesures de sécurité a immédiatement entraîné des files d'attente et des cohues dans tous les aéroports du pays et surtout à Londres-Heathrow, où 200 000 passagers ont été touchés par des annulations et des retards. British Airways a annulé pas moins de 400 vols intérieurs et européens de et vers cet aéroport, alors que l'aéroport de Londres tourne, toujours, au ralenti. Tous les passagers sont désormais fouillés au corps, et les bagages à main sont limités au strict nécessaire, tels que les passeports, les médicaments, les lunettes, les laits maternisés, etc. En revanche, les liquides, les gels et les boissons ainsi que des appareils électriques, y compris les téléphones portables, sont désormais interdits à bord. Aux Etats-Unis, le département de la Sécurité intérieure a relevé le niveau d'alerte pour tous les vols à destination du pays, et placé les vols en provenance de Grande-Bretagne au niveau de surveillance le plus élevé. En France, le plan Vigipirate est maintenu au niveau rouge et les bagages à main sont systématiquement fouillés, au départ des vols à destination de l'Angleterre, des Etats-Unis et d'Israël. 75 vols au départ de la France et à destination de la Grande-Bretagne ont été annulés. Par ailleurs, la presse russe s'interroge sur la crédibilité de l'annonce par Londres de ce projet d'attentat, estimant que cela va surtout profiter au Premier ministre, Tony Blair. Pour plusieurs titres de la presse russe, cette affaire peut servir à détourner l'attention de la guerre du Liban qui préoccupe beaucoup plus MM. Blair et Bush que la menace des attentats.