Depuis la mise en place du dispositif militaire autour des wilayas de Tizi Ouzou, Bouira, Boumerdès et aux frontières, au moins une trentaine de terroristes ont été abattus par les forces de sécurité. La moitié l'a été en Kabylie. Parmi eux, 5 appartiennent au groupe Jund El Khilafah, dont l'émir Abdelmalek Gouri, plus connu sous le pseudonyme de Khaled Abou Selmane. Ce résultat est le fruit de la mobilisation en Kabylie (Tizi Ouzou-Bouira-Boumerdès) d'un millier d'hommes bien équipés entre paras, commandos et hommes de troupe, appuyés par l'artillerie lourde et des moyens de reconnaissance de jour comme de nuit, et ce, depuis le mois de septembre dernier. Au début de cette opération, le chef d'état-major de la 1re Région militaire, que nous avions rencontré dans son QG, au cœur même du mont du Djurdjura, nous avait déclaré : «Tous les moyens ont été mis à notre disposition par le commandement de l'état-major de l'ANP pour en finir définitivement avec ces criminels. Notre objectif principal est de déloger les groupes terroristes», qu'ils soient d'AQMI que dirige Abdelmalek Droukdel ou de Jund El Khilafah de Abdelmalek Gouri. Le premier résultat de cette opération a été la découverte du campement où Gouri avait annoncé son allégeance à l'organisation terroriste Daech qui active en Syrie et en Irak. La majorité (32 sur une quarantaine) des éléments — faisant partie de ce groupe dissident d'AQMI, apparaissant dans la vidéo diffusée juste après l'enlèvement du ressortissant français Hervé Gourdel —, ont été identifiés, y compris le mufti et égorgeur de l'otage français, un natif de Bab El Oued du nom de Bachir Kherza. Quelques semaines plus tard, deux autres éléments du groupe, l'un originaire de Bab El Oued et très proche de Kherza, l'autre de Médéa, ont été abattus par les forces de sécurité. Eux aussi apparaissent sur la vidéo de la décapitation de l'otage. La neutralisation de ces deux terroristes s'est terminée par la récupération d'une importante documentation et de téléphones portables. Ce qui a permis aux forces de sécurité de découvrir que l'organisation terroriste était sur le point de monter une opération kamikaze ciblant une importante institution située à Alger, à la veille des fêtes de fin d'année. Pour les enquêteurs, c'était la course contre la montre. Deux opérations de filature, puis une troisième avant de localiser le lieu de rendez-vous où le kamikaze devait rencontrer Gouri pour récupérer la ceinture explosive et suivre le guide qui devait l'accompagner pour un dernier repérage de l'endroit ciblé (probablement le lendemain) avant de passer à l'action. L'intervention rapide et bien ficelée des éléments de l'ANP a permis l'élimination des trois terroristes, dont l'émir Gouri, formellement identifié par un de ses parents – ses deux acolytes sont en cours d'identification – et la récupération du véhicule utilisé par les criminels ainsi que la ceinture d'explosifs, des armes et des munitions. Ainsi, depuis début octobre dernier, selon des sources sécuritaires, une trentaine de terroristes ont été abattus, dont plus de la moitié l'ont été en Kabylie. Durant le mois d'octobre, affirment nos interlocuteurs, 18 criminels ont été mis hors d'état de nuire, 4 autres au mois de novembre et 13 ce mois-ci. Pour nos sources, l'étau se resserre chaque jour un peu plus sur les groupes activant en Kabylie, au point qu'«ils ont du mal à se déplacer ou à organiser une action. Les premières neiges ont accentué leurs difficultés et, en ville, les refuges sont vite localisés et détruits. Ce qui explique les nombreuses cellules démantelées ces derniers temps». Visiblement, les groupes terroristes de Kabylie vivent de très mauvais moments, même s'il est hasardeux de dire qu'ils sont totalement vaincus. Leur capacité sera toujours aussi dangereuse tant qu'ils restent en possession d'une seule arme.