Depuis l'enlèvement et l'exécution sauvage du guide de haute montagne français, Hervé Gourdel, en septembre dernier, la wilaya de Tizi Ouzou connaît un renforcement du dispositif sécuritaire. Aux opérations de recherche pédestres et héliportées menées par des unités d'élite de l'armée à Tirourda, à la limite entre les wilayas de Tizi Ouzou et de Bouira, où les soldats de l'ANP sont toujours sur le pied de guerre, a succédé un maillage remarquable au chef-lieu de wilaya. Les édifices publics et les brigades des forces de sécurité susceptibles d'être visés par des attentats terroristes sont sous haute surveillance. La route qui longe le siège du secteur opérationnel de l'ANP demeure toujours fermée à la circulation automobile de 19h à 7h. Les principales artères de la ville, les gares et les stations de taxi sont également sous l'œil vigilant des policiers qui multiplient leurs patrouilles inopinées, de jour comme de nuit. Les signes de vigilance des services de sécurité sont palpables aussi au niveau des barrages dressés sur les routes nationales et de wilaya où, militaires, gendarmes et policiers, équipés de détecteurs d'explosifs, veillent au grain. Les véhicules suspects sont identifiés sur place via un fichier informatique et soumis à une fouille systématique. L'objectif de ce nouveau plan de redéploiement vise à parer à toute éventualité quant à l'incursion dans les centres urbains de terroristes fuyant les coups de boutoir de l'ANP dans les maquis. Il est de notoriété publique que les organisations terroristes activant en Kabylie, pour échapper à la pression continue exercée sur leurs repaires par l'armée, orientent leur mode opératoire vers l'activisme de type urbain. Il est à rappeler que, malgré les offensives militaires menées dans des endroits connus pour être la «plaque tournante» de l'action subversive dans la wilaya, comme les maquis de Yakouren, Sidi Ali Bounab et tout récemment en Haute-Kabylie, la menace persiste. Quelque 200 terroristes activent encore à Boumerdès, Tizi Ouzou et Bouira. Parmi eux, une trentaine d'éléments font partie de la nouvelle organisation Jund Al Khilafah, dirigée par Gouri Abdelmalek. La région de Tizi Ouzou est le repaire de Abdelmalek Droukdel, l'émir national d'Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI). Depuis la mi-septembre, une nouvelle brigade armée salafiste est venue renforcer les forces de frappe de la nébuleuse islamiste en Kabylie. Il s'agit de Jund Al Khilafah (soldats du califat) qui a revendiqué le rapt de l'otage français et prêté allégeance au groupe Etat islamique (EI).