A la faveur de la tenue de la neuvième édition du Festival international de la musique andalouse et des musiques anciennes, un vibrant hommage a été rendu dans la soirée de lundi, à la salle Ibn Zeydoun, à la doyenne de la chanson andalouse, Seloua. Malgré le poids de ses 73 ans, c'est une Seloua rayonnante qu'a eu à découvrir le public en cette troisième soirée du Festival international de la musique andalouse et des musiques anciennes. Cet hommage, rendu à cette figure de proue de la chanson andalouse, a attiré un monde impressionnant. Bien que commençant à 20h, une grande file d'attente a commencé à se constituer dès 18h. En effet, l'extérieur de la salle Ibn Zeydoun était ceinturé par des familles entières venues assister à cette soirée particulière. Dès l'ouverture des portes, un rush incroyable s'en est suivi. Bien entendu, la salle Ibn Zeydoun était tellement en surnombre que des chaises ont dû être rajoutées. Certains se sont assis à même les travées. D'autres sont restés debout. Après le brillant passage sur scène de Célina Da Piedade Quartet du Portugal et des Chouyoukh Salatin Al Tarab de Syrie, place en dernière partie de la soirée à l'hommage à la chanteuse Seloua. C'est sous les sons de la zorna et de youyous stridents que la chanteuse Seloua est arrivée, drapée dans un beau haik m'ramaâ, de couleur turquoise et blanche. Avec toute la classe qu'on lui connaît, elle salue son public avec un gracieux et généreux sourire. Les présents sont en admiration devant cette diva de la chanson algérienne. Elle prend place parmi le public pour découvrir le programme concocté à son intention. La première partie de cet hommage se caractérise par le passage sur scène de trois belles voix féminines, à savoir Nardjes, Imène Sahir et Nessrine Ghenim. Ces dernières interprètent des extraits du répertoire andalou de l'irremplaçable Seloua. Une demi-heure plus tard, la diva est invitée à monter sur scène pour recevoir son hommage. Etant donné que la ministre de la Culture, Nadia Labidi, a brillé par son absence, c'est le commissaire du Festivalgérie, Aïssa Rahmaoui, qui lui remet le trophée du Festival, un diplôme honorifique, une mandoline ainsi qu'un bouquet de fleurs. Habillée d'un élégant karakou bleu, Seloua est toute émue par cet hommage. L'osmose et la complicité entre son public vont de pair. Rencontrée en aparté, la chanteuse nous confie que si elle est absente de la scène artistique nationale depuis deux ans, c'est à cause des mauvaises conditions de travail qui lui sont proposées. «Avec tout ce que j'ai donné à la chanson algérienne, je ne peux pas me permettre d'accepter certaines conditions la veille d'un gala. C'est un suicide pour moi que d'accepter une invitation à la va-vite. Il faut travailler méthodiquement et ne point improviser. Je reste disponible pour mon public que j'adore. Mon public est fidèle. Il me suit et m'écoute depuis des années. Je ne peux pas me permettre d'improviser n'importe quoi.»