On a beau dire et redire que l'Occident ne nous aime pas et on ne se lasserait jamais de le répéter. Que nous soyons de son côté ou de l'autre, cela importe peu, seuls importent le gain qu'il peut nous en tirer, l'éloge qu'il espère de nous, cet Occident borgne, ne voyant la vérité que d'un seul œil, ne rate jamais une occasion pour nous nuire, nous punir, nous châtier ou assister, les bras croisés, les autres à le faire à sa place, ou par son silence ou par sa douteuse compassion, et tout cela, non pas parce qu'on lui a fait quelque chose de grave, qui pèse tant sur son jugement, mais plutôt, il semble ne point se défaire de cette haine historique révolue, accumulée de siècle en siècle et cultivée de génération en génération. Cet Occident, cet espoir il faut le dire de paix, de prospérité, qui fleurit malheureusement sous un soleil accablant de préjudices, de haine profondément enfouie au fin fond de lui-même et qui risque de nous brûler tous, s'il n'est pas en train de le faire déjà. Ni les siècles ne l'on fait changer, ni le développement humain multidirectionnel qu'il prétend en être la cause, la source et l'aboutissement même intercédèrent pour nous auprès de lui. Jamais développement, épanouissement, puissance et injustice ne se sont trouvés si côte à côte, si étroitement liés que dans cette ténébreuse époque que l'on vit, époque où l'homme perdit en humanité ce qu'il a si durement gagné en développement, ironie du sort ! Le monde s'est habitué à voir les Arabes mourir, il développa une inquiétante insensibilité envers nos vies, notre existence même, à chaque pas qu'on fait pour l'aimer et s'approcher de lui, il en fait dix en arrière, comme si nous n'étions pour lui que des éternels ennemis, d'infréquentables spécimens. Hélas, c'est la pure et amère réalité. Le monde assiste avec indifférence, l'Algérie en premier, aux massacres de civils au Liban. Ce Liban, il faut le rappeler, a vu naître l'initiative saoudienne pour la paix, adoptée par la suite par les pays arabes, drôle de symbolisme ! Le Liban, fief de la démocratie arabe, exemple de pluralité, fierté des Arabes de toutes parts, est jeté à la géhenne, aux su et ouïe du frère avant les autres. Il est tout à fait clair maintenant que les fantoches régimes arabes n'ont rien à dire, ou plutôt n'ont pas le culot de le dire par connivence ou par peur, confondant sagesse politique et lâcheté. « Erffed rassek ya ba ! » devant cet Occident immoral qui ne semble être en désaccord que sur la forme de nous nuire et pas sur le fond, la-dessus il y a unanimité, on ne demande pas de lui faire la guerre, loin de là, mais dites-leur au moins que la haine n'engendre que la haine, que la peur peut à tout moment être cassée, que le faible, l'opprimé, peut, dans une réaction de désespoir, briser les chaînes de sa passivité, de sa neutralité morale. Jamais l'Occident n'a été si loin, si en repli par rapport aux préceptes fondateurs de l'apostolique christianisme et du fraternel humanisme en général que dans cette fin de siècle, honte, malheurs sont pour ceux qui, tout en vouant leur âme au Saint-esprit, tordent leurs entendements au point de se soumettre au mal. Ce qui se passe au Liban, est une tache noire sur le front de l'Occident qui ne cesse de nous chanter sa démocratie, son souci pour les droits de l'hommes, oui mais ! Mais quoi ? Vous cultivez l'art et la manière de faire passer le blanc pour noir, la vie des homme pour dérisoire, vous réduisez nos vies à des numéros, à des dossiers, à des cas à traiter. Sachez qu'on est plus que des numéros, plus que des dossiers, on est vos semblables, vos frères dans l'humanité, aussi bizarre que cela puisse vous paraître ! Si seulement cela pouvait faire vibrer quelque chose dans votre cœur.