La grande bataille menée depuis plusieurs années par les organisations professionnelles autour de l'article 87 bis du code du travail a été remportée cette année. Le groupe de travail de la tripartite (gouvernement-UGTA-patronat) qui s'est réuni en septembre dernier a pris la décision d'«abroger» cet article. Une décision toutefois diversement appréciée par le monde du travail. Certains n'ont pas caché leur inquiétude quant à l'impact financier que pourrait induire l'application de cette mesure. Il faut rappeler que cet article, promulgué en 1990 et modifié en 1997, stipule que le Salaire national minimum garanti (SNMG) englobe le salaire de base, les indemnités et primes de toute nature, à l'exception des indemnités versées au titre du remboursement de frais engagés par les travailleurs. Concrètement, l'article 87 bis posait un problème technique qui faussait toute l'architecture des salaires. Ce constat est établi par des syndicalistes, des économistes, mais aussi par le premier responsable de l'Exécutif qui a reconnu la complexité de cet article et l'urgence de sa prise en charge. Son annulation permet une redéfinition du SNMG et une autre vision du calcul du salaire de base, des primes et indemnités accordées aux travailleurs et obligera les patrons d'entreprises à appliquer les hausses décidées du SNMG. Selon le patron de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, la décision portant «abrogation» de l'article 87 bis sera bénéfique à l'ensemble des travailleurs. Cette mesure concernera, dans un premier temps, les catégories sociales les plus défavorisées et les augmentations toucheront, selon le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, 1,2 million de fonctionnaires et 2 à 3 millions de travailleurs du secteur économique. Au total, explique Sidi Saïd, 4 millions d'employés bénéficieront immédiatement de cette mesure. Les autres catégories de travailleurs bénéficieront graduellement des augmentations après révision des grilles des salaires.