La crise politique à laquelle est confronté le pays s'est aggravée, malgré les appels répétés à un cessez-le-feu de ses voisins et de la communauté internationale. Le chef de la Mission de l'ONU en Libye (Unsmil), Bernardino Leon, va une nouvelle fois tenter de relancer le dialogue politique entre les différentes parties libyennes actuellement en conflit. Le diplomate italien a fixé au 5 janvier la prochaine réunion de dialogue après avoir obtenu leur accord sur une «feuille de route». Cette feuille de route pour parvenir à un règlement de la crise «s'articule autour de trois points», a indiqué l'ambassadeur tchadien, Cherif Mahamat Zene, après des consultations à huis clos au Conseil de sécurité sur la Libye. Cherif Mahamat Zene a laissé entendre que l'un de ces points était la perspective d'un gouvernement d'union nationale qui serait composé de «représentants des deux camps» qui s'affrontent. Il s'adressait cette semaine, par vidéo-conférence, aux 15 pays membres du Conseil qui ont exprimé leur «profonde préoccupation» devant la détérioration de la sécurité en Libye et ont demandé aux belligérants de «cesser le feu immédiatement et de s'engager dans un processus de dialogue» pour trouver une issue à la complexe crise libyenne. La complexité de la crise s'explique en partie par le fait que derrière la guerre sans merci pour le pouvoir que se livrent les différentes milices se cache une bataille encore plus fratricide : celle pour le contrôle de l'énorme rente pétrolière libyenne. C'est ainsi que de violents combats entre les forces représentant les deux gouvernements libyens en concurrence, dont celui de Abdallah Al Theni reconnu par la communauté internationale, ont entraîné la fermeture du plus grand terminal d'exportation de pétrole du pays, le port d'Es Sider. Des attaques aériennes menées par les forces loyales au gouvernement d'Al Theni ont pris pour cibles des objectifs près de ce port du golfe de Syrte. Elles visaient à stopper la progression des troupes du gouvernement rival installé à Tripoli, qui cherchent à prendre le contrôle des installations pétrolières de l'Est. L'armée libyenne a envoyé des renforts vers la région dite du «croissant pétrolier», située dans l'Est libyen, pour combattre les milices de Fajr Libya, qui ont lancé une opération militaire dénommée «Lever de Soleil» visant à s'emparer des terminaux d'exportation et des champs pétroliers. Le «croissant pétrolier» est une région qui comprend un certain nombre de villes entre Benghazi et Syrte (500 km à l'est de la capitale) et possède les plus grands gisements de pétrole du pays, en plus les terminaux pétroliers d'Al Sedra, de Ras Lanouf et de Brega, les plus importants de Libye. Les affrontements dans cette région ont causé une chute de la production de pétrole libyenne à environ 250 000 barils par jour, contre 800 000 barils par jour. L'ONU s'est inquiétée, mardi, des violations des droits de l'homme, alors que les combats persistent, notamment dans l'Est, faisant des centaines de morts en deux mois et 400 000 déplacés depuis mai dernier. La crise politique à laquelle est confronté le pays s'est aggravée, malgré les appels répétés à un cessez-le-feu. «Les civils libyens sont les victimes d'assassinats ciblés, de déplacements forcés et vivent dans des conditions humanitaires graves alors même que les combats s'intensifient», indique un nouveau rapport des Nations unies sur la situation des droits de l'homme dans le pays rendu public mardi. Les civils pris dans les combats ont été soumis à «des bombardements aveugles et à des enlèvements, torturés et leurs biens ont été détruits délibérément au cours des affrontements entre différentes factions» à travers le pays, selon l'étude, publiée conjointement par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme et par la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul).