Les factions rivales en Libye se sont entendues sur le «principe» d'une nouvelle série de négociations de paix début janvier afin de trouver une solution à la crise politique qui paralyse le pays, ont annoncé les Nations unies mardi. L'ONU avait tenté la semaine passée d'organiser une rencontre entre les deux gouvernements et les deux parlements qui coexistent dans le pays mais la multiplication des combats avait fait échouer cette initiative. L'émissaire spécial de l'ONU en Libye, Bernardino Leon, a informé dans une vidéo-conférence vendredi les 15 pays siégeant au Conseil de sécurité sur la situation. «Il (Leon) a indiqué avoir un accord de principe pour que des discussions démarrent le 5 janvier», a déclaré un diplomate qui participait à la session à huis clos du Conseil de sécurité. «Il a également détaillé trois conditions essentielles pour une feuille de route : un gouvernement d'union nationale, une stabilisation du pays par un cessez-le-feu entre les milices et une nouvelle Constitution», a ajouté ce diplomate s'exprimant sous le sceau de l'anonymat. L'ambassadeur du Tchad auprès de l'ONU, Mahamat Zene Charif, qui assure la présidence tournante du Conseil de sécurité en décembre, a confirmé la date du 5 janvier. Les représentants des 15 pays membres ont exprimé leur inquiétude face à la poursuite des combats et à l'afflux de nouvelles armes sur le terrain, a précisé le diplomate tchadien. Il y a en Libye deux gouvernements et deux Parlements depuis qu'en août une milice a pris le contrôle de Tripoli, la capitale, et a contraint le gouvernement du Premier ministre Abdoullah al Thinni, reconnu par la communauté internationale, à s'exiler à Tobrouk dans l'est du pays. L'ONU tente depuis lors d'organiser des négociations impliquant les deux gouvernements. Bernardino Leon a expliqué que le nouveau tour de table devrait inclure les membres du Congrès général national (CGN), l'ancienne Assemblée nationale qui a été réinstituée à Tripoli malgré l'existence d'un organe législatif issu des élections tenues en juin. Plusieurs centaines de civils ont été tués dans les combats depuis la fin août, estiment les Nations unies qui ont averti les chefs militaires qu'ils risquaient d'être poursuivis pour crimes de guerre. Le conflit a chassé 120 000 personnes de chez elles et provoqué une crise humanitaire, lit-on dans le rapport de la Manul (Mission d'appui des Nations unies en Libye) et du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme. Les fronts se multiplient en Libye Des combats se sont engagés pour le contrôle de sites pétroliers dans l'Est, et gaziers dans l'Ouest. Ce 24 décembre, fête de l'indépendance libyenne, aurait dû être un jour spécial: l'Assemblée constituante devait présenter une première mouture de la future Constitution. Mais seules des propositions d'articles devraient être publiées. La déception des Libyens sera aussi grande que leur inquiétude. L'instauration d'une Constitution, suivie de nouvelles élections, est considérée comme l'une des seules solutions à la crise que traverse le pays. Mais le temps passe et la situation s'aggrave, l'ONU évoquant «des centaines de civils libyens» tués dans les violences de ces derniers mois, et des «crimes de guerre». Un nouveau front s'est ouvert le 14 décembre, sur la côte au centre du pays, près des terminaux pétroliers de Ras Lanouf et Sider. L'opération «Shoroog» (Levé du soleil), menée par Fajr Libya (Aube de la Libye), la coalition de brigades qui tient Tripoli, s'oppose aux troupes d'Ibrahim Jedran, leader fédéraliste, qui contrôlent des sites pétroliers depuis juillet 2013. «Le Congrès (Parlement sortant réinstallé au pouvoir par les brigades) a voté une résolution contre les bandits qui volent les ressources de la Libye. Cette décision est mise en application face au silence de la communauté internationale», explique Mohammed Ghirani, ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Tripoli, non reconnu par la communauté internationale. «Ils s'imaginent que s'ils contrôlent le pétrole, les étrangers seront obligés de les reconnaître et de travailler avec eux», explique un observateur. Ce combat est également politique, puisqu'Ibrahim Jedran soutient le gouvernement adverse réfugié à Tobrouk, même s'il n'avait pas pris part aux combats jusque-là.