Le quatrième mandat d'Abdelaziz Bouteflika a pesé lourd sur le Forum des chefs d'entreprises (FCE). Il a réussi à le diviser. C'est d'ailleurs l'un des faits marquants dans le monde patronal en 2014. Alors que la fin du mandat de Réda Hamiani à la tête du Forum était prévu pour 2015, ce dernier a fini par annoncer sa démission de la présidence de cette association patronale en septembre 2014, évoquant «des soucis de santé» pour être remplacé par l'un des hommes d'affaires les plus proches du pouvoir, Ali Haddad en l'occurrence, PDG du groupe ETRHB.Le tout s'est joué en l'espace de trois mois. Le remplaçant de Hamiani était en effet tout désigné pour prendre les commandes du FCE étant le seul candidat «à se proposer» pour ce poste. Cela était prévisible. La campagne menée pour aligner le FCE sur le pouvoir a commencé bien avant le rendez-vous électoral. Une crise avait d'ailleurs éclaté dès février dernier au sein du FCE. Les patrons algériens étaient dès le départ divisés quant à un soutien pour un quatrième mandat de Bouteflika. D'ailleurs, l'Assemblée générale extraordinaire (AGE) avait été reportée à deux reprises faute de consensus entre ses membres. Finalement, le FCE a fini par annoncer son appui à Bouteflika en dépit des divergences au sein de l'association étant sous la pression du noyau pro-quatrième mandat. En effet, les patrons proches du cercle présidentiel ont fini par avoir gain de cause et rallier tous ceux qui ont soutenu Abdelaziz Bouteflika. Mais aussi à pousser certains à quitter l'organisation patronale, comme le premier responsable de NCA Rouiba, Slim Othmani. Le fait que le FCE se soit mêlé au débat politique a en effet suscité moult critiques, notamment du côté des experts et des hommes politiques, à l'image de Ali Benflis qui avait, pour rappel, adressé une lettre au FCE l'invitant à «se mettre à l'écart du débat politique et à œuvrer pour lever les pressions politiques qui fragilisent l'entreprise afin de lui permettre de retrouver sa vocation socio-économique de facteur central de production de richesses». Cependant, la situation n'a pas changé. Le FCE, dont des membres ont largement contribué au financement de la campagne électorale de Bouteflika, a fini par se ranger du côté du pouvoir et à recevoir le directeur de campagne du candidat-Président, Abdelamek Sellal en l'occurrence, pour le programme économique. Un programme sans grands changements par rapport aux précédents, mais aussi sans stratégie. Une fois l'élection passée et le quatrième mandat arraché, la politique de neutralisation du FCE s'est poursuivie pour se solder fin novembre dernier par l'installation officielle de Ali Haddad, appuyé par des membres du gouvernement au sommet du FCE quelques semaines après le placement de Laïd Benamor à la tête de la CACI (Chambre algérienne de commerce et d'industrie). Le travail avec le gouvernement a bien commencé. C'est en pleine conjoncture de crise (le 21 décembre dernier) engendrée par la baisse des cours du pétrole que le nouveau président du FCE s'est entretenu avec le Premier ministre Abdelmalek Sellal sur les dossiers relatifs à la relance industrielle. L'engagement a été pris par Haddad de faire participer les entreprises à la construction «d'une économie compétitive et diversifiée, apte à faire sortir définitivement le pays de la dépendance aux hydrocarbures». Des promesses qui s'ajoutent à celles du pouvoir.