Voilà trois ans que le service de chirurgie vasculaire a été créé au sein du CHU de Annaba, mais au grand malheur des malades, cardiaques, diabétiques et hypertendus, toutes les opérations de cette branche se font encore dans le service des urgences. Derrière les portes fermées, une histoire de rétention qui dure depuis 2003 dont sont victimes et le service et le chirurgien qui y est affecté, mettant au jour des aberrations de trop dans le système sanitaire algérien. En effet, la chirurgie vasculaire, de plus en plus sollicitée, est assurée par un nombre très restreint de spécialistes qui dirigent des services au niveau des CHU d'Alger et d'Oran. A Annaba, l'unité de chirurgie vasculaire a été créée en octobre 2002 par arrêté ministériel suivie par la création d'un poste hospitalo-universitaire au CHU Ibn Rochd par arrêté ministériel émanant du ministère de l'enseignement supérieur et daté d'avril 2003. Cette dernière création est intervenue à la demande du docteur Abdel Hakim Boucherit pour combler le vide dans le secteur public. Ce docteur va en même temps participer au concours d'accès au poste de maître-assistant organisé à la faculté d'Alger. Le Dr Abdel Hakim Boucherit passe les épreuves, parmi une vingtaine de candidats, et le jury composé d'éminents professeurs ès qualité le déclare publiquement admis le 28 septembre 2003, comme nous l'a confirmé l'un des membres du jury, le professeur Bourezak. C'est là où les ennuis vont commencer pour ce docteur qui exerce en tant que médecin spécialiste de santé publique en chirurgie générale, détenteur en sus d'un diplôme de chirurgie vasculaire obtenu à la faculté de médecine de Marseille. Contrairement aux autres candidats admis, le Dr Boucherit ne recevra pas son PV de réussite qui restera otage dans le bureau du président du jury durant une année avant de se perdre dans les couloirs du MESRS à ce jour. Dans une lettre adressée au président de la République, en dernier recours, le Dr Boucherit explique : « au début, le professeur Hamladji (président du jury, ndlr) a refusé d'envoyer le PV prouvant ma réussite au ministère de l'enseignement supérieur et après plus d'une année finalement, ce dernier a remis le PV au directeur des ressources humaines, M. Makhlouf. » En avril 2005, c'est tout le comité pédagogique du ministère de l'enseignement supérieur qui va se réunir en présence du directeur des ressources humaines et de la directrice des études et de la post-graduation. Les membres du jury seront priés de refaire et signer de nouveau le PV, et sans tarder, ces derniers vont s'exécuter. On croyait voir le bout du tunnel mais au contraire l'attente va perdurer à n'en plus finir. « J'attends toujours ma nomination de maître-assistant en chirurgie vasculaire au CHU de Annaba et monsieur le ministre Harraoubia ne veut pas la signer, pour je ne sais quelle raison », poursuit le plaignant dans sa lettre. Que cache ce blocage ? Le ton accusateur découle du silence absurde et injustifié entretenu par le ministère de l'enseignement supérieur qui n'a même pas daigné répondre aux nombreuses correspondances du candidat. S'agit-il d'une simple attitude de négligence ou alors d'une volonté délibérée de couper les ailes à ce docteur pour entretenir le monopole de certaines cliniques privées dans l'exercice de la chirurgie vasculaire à Annaba et dans tout l'Est algérien ? La seconde hypothèse est largement plausible, selon le Dr Boucherit, « surtout dans le contexte de luttes sournoises entretenues par les investisseurs de Oued Souf qui imposent leur joug sur Annaba ». Il peut y avoir d'autres motifs pour expliquer ce blocage qui prend les allures d'une machination destinée, en outre, à freiner la carrière d'un chirurgien. mais dans tous les cas de figure, ce sont les patients qui paient les dégâts et les ravages des maladies artérielles. Au blocage entretenu à Alger, s'ajoute « la persistance du médecin-chef responsable du service de la chirurgie générale au CHU d'Annaba qui refuse d'appliquer l'arrêté ministériel et ouvrir l'unité de chirurgie vasculaire », affirme le plaignant. Cela, au moment où le besoin se fait sentir d'une manière de plus en plus accrue pour ce genre d'interventions, notamment le pontage, et où le recours à l'amputation atteint un taux alarmant. Le docteur Abdelhakim Boucherit, éreinté par cet acharnement, crie au scandale et exhorte, dans une lettre, le président de la République à intervenir pour le rétablir dans ses droits et lever le scellé sur l'unité de Annaba.