Des dizaines de citoyens ont répondu aux appels de plusieurs associations de protection de l'environnement, telles que Shams, connue pour avoir interpellé les pouvoirs publics voilà plus d'une année sur les dangers du gaz de schiste dans le Sahara, mais aussi des collectifs de jeunes de quartiers indignés par l'attitude «hautaine et méprisante» du gouvernement envers la population. La venue de Youcef Youssefi, samedi dernier, pour inaugurer le premier puits de gaz non conventionnel dans le Tidikelt, alors qu'il était annoncé pour 2022, a convaincu les gens de la nécessité d'agir au plus vite. Dans la rue, plus de 400 personnes ont assisté au rassemblement du 1er janvier tenu devant le siège de la daïra, «dans une ville en désolation et à laquelle il ne manquerait, somme toute, que des puits de gaz de schiste pour sortir de son sous-développement», disent-ils. Partout dans la ville des habitants se sont regroupés pour faire aboutir leur revendication. «Il faut dire ‘‘non'' à Youcef Youssefi. Il faut qu'on cesse de nous prendre pour des nigauds», criait un jeune. Lalla Dzaier, la capitale politique, distante de 1300 km, fermant les yeux et faisant la sourde oreille, envoie Youcef Youssefi pour permettre de pomper les hydrocarbures sans prêter attention à ceux qui habitent près des forages. Trig Dzaier, Trig Tameghsset Des puits conventionnels qui donnent peu de choses à la population, qui polluent sans trop menacer la vie humaine et celle de la faune et de la flore sahariennes depuis plusieurs décennies. Mais, actuellement, il s'agit de puits non conventionnels, schisteux, et donc différents qui sont forés et inspectés en catimini, sans convier les riverains, pas même les officiels à cet événement, qu'on dit heureux et bénéfique pour la communauté nationale. Et ils étaient nombreux à se rebeller contre cette exploitation qui met les gens devant le fait accompli au mépris de leurs cris de détresse. Les plus exaltés, ceux qui ne croient plus à la parole et aux engagements des décideurs, ne veulent plus de rassemblements pacifiques. Plusieurs dizaines d'entre eux ont refusé d'écouter les sages qui ont préconisé un grand rassemblement citoyen au centre-ville. A Sahla Fougania et Sahla Tahtania, zones agricoles par excellence, là où on cultive une terre aride avec amour et abnégation, mais aussi à Iguestene, la localité voisine, les jeunes ont coupé la RN1, à 10 km d'In Salah, bloquant le passage au nord de la ville sur l'axe menant à la wilaya de Tamanrasset. «Le ministre de l'Energie est venu avec un gradé de l'armée, il est allé directement au chantier. Il a constaté que le forage avait positivement répondu et il a fait demi-tour sans rencontrer personne, ni autorités locales, ni populations», commente Hacina Zegzeg, activiste, sur les réseaux sociaux. Il n'en a pas fallu plus pour que les citoyens réagissent. Ni les difficultés de la vie dans cette région en proie au vent de sable ou à la fournaise, ni la misère, ni le manque d'infrastructures de base et même pas les eaux saumâtres qui sont à l'origine de l'hypertension des jeunes enfants avant l'heure n'ont fait bouger In Salah. La peur du gaz de schiste et de ses implications l'a fait.