Les ex-militaires menacent d'investir la rue pour dénoncer le traitement réservé à leurs revendications par le ministère de la Défense nationale (MDN). Si les militaires radiés des rangs de l'Armée nationale populaire (ANP) pour maladie non imputable au service sont désormais pris en charge, il n'en est pas de même pour leurs collègues radiés par mesure disciplinaire. «Une note du ministère de la Défense, datée du 16 novembre 2014, permet de prendre en charge les militaires radiés pour raison médicale. La commission médicale a pris en main le dossier des 8000 militaires radiés. Mais le ministère n'a pas décidé de prendre en charge les militaires radiés abusivement de leur poste», s'est offusqué, hier, Abrous Hacène, le porte-parole de la Coordination nationale des ex-militaires, en marge d'une rencontre organisée à la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH) à Alger pour l'installation d'un bureau national. Les rassemblements et les rencontres avec les représentants désignés par le MDN n'ont pas permis de faire aboutir les revendications de cette catégorie. «Notre premier rassemblement s'est tenu le 16 avril 2011 en face du siège du MDN aux Tagarins. Une commission d'enquête a été installée, mais depuis aucun rapport n'a été rendu public», s'étonne M. Abrous. La signature par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, d'un décret exécutif de l'article 77 relatif à la prise en charge des revendications des Patriotes (retraite proportionnelle et anticipée) a jeté le trouble parmi les protestataires. «La mesure prise par M. Sellal rend justice aux Patriotes tout en excluant d'autres Algériens qui ont combattu le terrorisme durant la décennie noire. Nous voulons être, nous aussi, bénéficiaires des mesures de la réconciliation nationale. Il est inadmissible de faire d'un terroriste une personnalité nationale aux dépens des militaires qui ont combattu pour le pays», s'indigne Hakim Hjila, un des quatre membres de la coordination. Les wilayas touchées par la radiation sont Chlef, Tébessa et Souk Ahras, signale-t-on. «Presque 16 000 militaires avaient été radiés, dont 1400 dans la seule wilaya de Chlef. Les motifs des licenciements qui ont touché des militaires qui avaient jusqu'à 14 ans de service sont les compressions d'effectifs ou même la désertion de trois jours. Des gens, qui ont fait le mur pour aller rendre visite à leur famille, ont été licenciés abusivement», estime M. Abrous. Les participants réunis hier sont venus, indique-t-on, de 17 wilayas, ils réitèrent les mêmes revendications formulées dans une plateforme d'une dizaine de points. Ils réclament, entre autres, l'ouverture d'un dialogue avec les protestataires, la réintégration des militaires en âge d'être enrôlés, des indemnisations avec effet rétroactif de la date de radiation, la retraite proportionnelle, selon les catégories, le droit d'accès aux soins pour raison de radiation, la réhabilitation des éléments vis-à-vis de la justice et de la Fonction publique, la prime de nomination et l'envoi d'une note aux walis pour prioriser les ex-militaires dans l'octroi de quotas de logements. Les participants à la réunion au siège de la LADDH menacent de reprendre les actions de rue. Une décision a été prise pour l'organisation d'un rassemblement place du 1er Novembre à Blida. «Le lieu a été fixé et nous allons choisir la date dans au moins trois semaines», indique le porte-parole de la coordination, M. Abrous.