Des renforts policiers et militaires aéroportés sont arrivés à In Salah hier. Le wali de Tamanrasset, qui a ignoré le cri de détresse des habitants depuis 6 jours, a enfin daigné se déplacer pour parler aux délégués de la société civile à l'hôtel Tidikelt. Arrivé en pompier, par vol militaire, le wali a entamé sa visite par une rencontre avec les autorités locales de la commune et de la daïra d'In Salah avant de partir en tournée à Dar Lahmar, où les puits de gaz de schiste sont contestés. Dernière information, un changement de la configuration de la délégation de la population, dont des ingénieurs en pétrole ont été écartés à la dernière minute. ville paralysée Les gens semblaient impatients et peu enclins à croire que les autorités du pays ont répondu favorablement à leurs doléances. La population, n'a pas changé d'attitude. Même mobilisation, même détermination. Hommes, femmes et enfants sont toujours rassemblés devant le siège de la daïra d'In Salah. On donne un chiffre. 2500 à 3000 personnes au même endroit en même temps. Les commerces sont fermés, les écoles, les administrations aussi. La ville est comme paralysée, encore sous l'onde de choc de cette mobilisation extraordinaire, cette colère, ce cri du cœur que les villes voisines ont repris en chœur. In Ghar, Iguestene, Sahla Fougania, Sahla Tahtania, Aoulef, Tit, El Ménéa, Tamanrasset où une vague de solidarités a été déclenchée le plus naturellement du monde, mais encore plus au nord, dans les oasis sahariennes, à Oued Souf, Ouargla, Ghardaïa... Ceux qui connaissent In Salah savent que l'adhésion au mouvement anti-gaz de schiste est réelle, ces forages ont allumé un étincelle que certains croyaient éteinte depuis la révolte des Deghamcha en 1900, mais la peur de cette mort annoncée a profondément ébranlé une population paisible, fidèle au FLN de la Révolution, au pouvoir central et peu encline au changement brusque. Elle a touché les foyers, les vieilles, les ménagères présentes aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur et qui donnent le la à cette manifestation non-stop depuis 6 jours. Un cri du cœur, la peur d'un avenir incertain dans une région connue pour être le couloir des vents les plus forts, la chaleur la plus torride d'Algérie et peut-être du monde. Des extrêmes qui viennent de donner l'élan à la plus spectaculaire, la plus forte et la plus inédite manifestation pour la préservation du Sahara.