La France s'est réveillée, hier matin, assommée, mais aussi avec un immense élan d'espoir de solidarité qui s'est manifesté dans toutes les villes de l'Hexagone et au-delà. La bonne nouvelle est que l'enquête sur les auteurs du massacre des journalistes de Charlie Hebdo avance à grands pas. Des éléments du GIGN ont investi tôt hier matin une cité-dortoir dans la ville de Reims (nord- est de Paris), d'où sont originaires les deux assaillants présumés. Selon le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, les deux suspects ont été vus dans la région de l'Aisne, à l'est de Paris. Il s'agirait de deux frères Chérif et Saïd Kouachi, soupçonnés d'être derrière le massacre d'hier qui a fait 12 victimes, dont 10 journalistes de Charlie Hebdo. Plus tard dans la soirée, rapporte Le Figaro, un hélicoptère survolait la zone de Villers-Cotterêts, où le pompiste d'une station-service Avia avait reconnu Chérif et Saïd Kouachi, les policiers du raid passaient au peigne fin les villes des alentours, de Crépy-en-Valois à Longpont. Les deux hommes auraient vraisemblablement abandonné leur véhicule, une Clio grise, et se déplaceraient à pied. Irak Les enquêteurs les ont identifiés après avoir trouvé la carte d'identité de l'un des assaillants dans la voiture volée et abandonnée, elle aussi, au niveau de la rue de Meaux dans le 19e arrondissement de Paris. Les deux suspects sont connus de la police et des services français. Respectivement âgés de 32 et 34 ans, les deux frères nés à Paris avaient fait l'objet d'une surveillance accrue de la part des services de sécurité, mais rien «ne présageait qu'ils allaient passer à un tel acte», a affirmé le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Un troisième individu, âgé de 18 ans, s'est rendu de son propre gré à la police, hier soir, après à avoir vu son nom sur les réseaux sociaux et les journaux. C'est un jeune étudiant qui a un lien de parenté avec les assaillants. Depuis mercredi soir, il est sous mandat de dépôt et interrogé par la police. Au total donc, ce sont sept personnes liées de près ou de loin à cet attentat qui ont été arrêtées dans le cadre d'une enquête policière globale qui a concerné plusieurs villes et banlieues. Le benjamin Chérif Kouachi a un parcours édifiant. En 2008, il fut condamné à trois ans de prison dans l'affaire de la filière d'envoi des combattants français en Irak, appelée la «filière des buttes Chaumont». Il a été arrêté, en 2005, à l'aéroport de Paris en train d'embarquer vers la Syrie pour passer ensuite en Irak. Deux ans plus tard, c'est-à-dire en 2007, son nom apparaitra à nouveau lorsqu'il tentera d'aider Smaïn Aït Belkacem à s'évader de prison. Ce dernier a été condamné, en 2002, à la réclusion criminelle à perpétuité pour son implication dans la vague d'attentats commis dans le RER à Paris en 1995. Toutefois, il a bénéficié d'un non-lieu. Berne A sa sortie de prison, il se met au vert dans un petit appartement à Reims, mais recommence à fréquenter activement une mosquée à Stalingrad où, semble-t-il, il a approfondi ses connaissances coraniques et religieuses. Sur le plan politique, le président Hollande a reçu hier matin son prédécesseur, Nicolas Sarkozy. Les deux hommes ont évoqué ensemble les moyens de renforcer la sécurité dans toute la France et les efforts mis en place pour retrouver les suspects. Par ailleurs, plus de 800 policiers supplémentaires ont été déployés dans Paris, notamment au niveau des axes principaux de la capitale, devant les établissements publics et les grands médias. «Tout sera fait pour sécuriser la population et retrouver les assassins présumés», avait indiqué, hier matin, Manuel Valls sur France Inter. A noter que plusieurs réunions, impliquant de hauts personnages de l'Etat, vont continuer à se tenir pour suivre les événements. Hier à midi pile, une minute de silence a été observée dans toute la France en hommage aux victimes. Les drapeaux resteront en berne trois jours durant. En conséquence de l'attentat contre Charlie Hebdo, le sentiment d'islamophobie semble avoir pris encore plus de proportions. La journée a commencé par une fusillade à Montrouge dans la banlieue sud de Paris, où une jeune policière a perdu la vie. La communauté musulmane de France craint d'être victime d'actes de vengeance, d'autant que plusieurs lieux de culte musulmans ont été attaqués depuis mercredi. Au Mans (centre de la France), une mosquée a été visée par des tirs anonymes. Même chose dans la région de la Saône –et-Loire où de nombreux lieux de culte ont été également ciblés. François Hollande a appelé les Français à rester unis et à ne pas se diviser, car c'est ce que cherchent «précisément les ennemis de la France et de la liberté», a-t-il entonné lors de son discours de mercredi soir. Une marche de soutien à Charlie Hebdo aura lieu dimanche à Paris et dans toutes les grandes villes françaises pour dire «Nous sommes tous Charlie Hebdo».